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rhénane, mais leurs troupes ne les suivirent pas toujours. Sur un mot d’ordre du gouvernement socialiste, un essai de grève générale fut tenté et très vite arrêté par les autorités militaires d’occupation. Le ministère décida aussitôt de donner aux vœux des Rhénans une apparence de satisfaction en créant une ombre de représentation parlementaire locale. A cet effet fut institué un « Commissaire général pour les territoires rhénans occupés, » assisté de sept conseillers. Le choix de Berlin se porta sur un Prussien authentique, M. von Stark, ancien président du gouvernement de Cologne et naguère chargé de veiller à Potsdam sur la sécurité de l’Empereur. De ses sept collaborateurs, deux seulement furent choisis parmi les membres du Centre, qui compte cependant à lui seul trente-quatre députés, c’est-à-dire plus de la moitié de la représentation parlementaire des pays rhénans, et des deux, un seul était un partisan modéré d’une république rhénane, en sorte que, des sept conseillers qui étaient censés représenter l’opinion rhénane, un seul partageait les sentiments de la majorité des habitants. Le choix de M. von Stark, qui décelait les appréhensions du gouvernement central, apprit aux Rhénans ce qu’ils pouvaient encore craindre de l’oppression berlinoise et fortifia chez eux la résolution de se débarrasser des fonctionnaires prussiens et de régler eux-mêmes leurs affaires.

Il semble avéré que le projet de « République du Rhin moyen » mis en avant, au commencement de juillet, par M. Ulrich, président du Conseil des ministres de Hesse, reçut les encouragements secrets du ministère d’Empire, qui espérait y trouver un moyen de dériver le courant autonomiste ; la république de M. Ulrich engloberait le Palatinat, le saillant Nord-Ouest de la Bavière, la Hesse, le Nassau jusqu’à la Lahn, en laissant de côté Francfort, et la province rhénane à l’Est do la Moselle, en excluant Trêves et Coblentz. L’intention de M. Ulrich, qui est un social-démocrate modéré et un protestant, saute aux yeux : il s’agit d’enlever à l’élément catholique, très prépondérant dans la province rhénane, l’influence directrice dans le futur Etat rhénan. M. Ulrich se déclare résolu à ne réclamer, conformément à l’article 167 de la Constitution, le droit de consulter le peuple par voie de plébiscite qu’après un délai de deux ans. Quoi qu’il en soit d’ailleurs, la propagande des partisans du projet de M. Ulrich contribua à acclimater