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que la défaite du spartakisme à Berlin et la convocation de l’Assemblée nationale à Weimar modifiaient la situation ; on ne tarda pas à s’apercevoir que le bourgmestre Adenauer et le comité de Cologne cherchaient à faire échouer les projets autonomistes. La conférence n’aboutit qu’à la nomination d’un Comité qui ne se réunit jamais. Les agents de l’unitarisme prussien avaient atteint leur but et réussi à éviter tout vote, tout plébiscite qui aurait manifesté clairement la volonté des populations. Les violences de la presse prussienne déchainée contre le mouvement rhénan, les habiletés temporisatrices du bourgmestre de Cologne, l’hostilité déclarée des chefs social-démocrates, tout révélait un mot d’ordre venu de Berlin et de Weimar et radicalement hostile à toutes tendances fédéralistes.

Le mouvement, dévié à Cologne, allait trouver de nouveaux foyers dans le Palatinat et la Hesse. En février, une assemblée de notables se réunissait à Landau et concluait à la proclamation d’une république autonome du Palatinat ; une adresse portant ces vœux était remise le 19 au général Gérard, commandant la 8e armée et transmise au gouvernement français. A Mayence et à Wiesbaden s’était formé en janvier un « Comité Nassau Hesse-Rhénane » qui déléguait à la conférence de Cologne le Dr Dorten. Lorsqu’à la fin de février il fut manifeste que le Comité de Cologne ne travaillait qu’à l’avortement du projet de république autonome et ne se réunissait même pas, ce Comité prit la direction du mouvement ; il estimait important de prouver aux Alliés, avant l’ouverture des négociations de paix, qu’une Allemagne existait sur le Rhin et qui était résolue à rompre avec l’esprit prussien, à se séparer de Berlin et à former un Etat qui se donnerait pour mission de travailler à une paix définitive fondée sur la confiance et la sincérité. Le Comité hessois-nassovien rédigea donc une déclaration, datée du 7 mars, dont voici le texte :


1. Nous demandons que notre sort soit réglé par nous-mêmes.

2. Nous sommes Allemands et voulons, par conséquent, rester dans le cadre de l’Allemagne.

3. Nous protestons contre toute cession de territoire rhénan à l’Ouest et contre toute forme de gouvernement qui peut nous être imposée. La Province rhénane, Nassau et la Hesse rhénane sont un seul territoire. Le rattachement du Palatinat, de la Westphalie et d’Oldenbourg est vivement désiré.