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Allemagne fédérale et à provoquer les ripostes du gouvernement à Berlin. Depuis lors, l’évolution du mouvement autonomiste n’a pas cessé de se développer avec des phases diverses dont nous retracerons brièvement les aspects. Ni la défaite du spartakisme, qui fut acquise à Berlin à la fin de janvier et à Munich en mai, ni la signification à l’Allemagne des conditions de paix le 7 mai, ni la signature du traité le 28 juin, ni le vote de la nouvelle constitution allemande le 19 août, n’arrêtèrent le mouvement ; il fut dès lors évident que ses sources étaient plus profondes que la crainte de l’anarchie ou la résignation aux volontés d’un ennemi victorieux. La révélation des conditions de paix, si elle déçut ceux des Rhénans qui avaient cru que leur destin serait fixé par le vainqueur et leur autonomie garantie par le traité, donna aux plus résolus une base solide pour développer librement leur programme de liberté, sans pression de la part des autorités occupantes comme aussi à l’abri des vengeances prussiennes et des abus de pouvoir des fonctionnaires.

Il est certain que si, au moment de la déclaration enthousiaste du 4 décembre, une république rhénane autonome avait été proclamée à Cologne, le fait accompli serait depuis longtemps accepté et de graves difficultés auraient été épargnées aux Rhénans ; mais ceux qui, en Europe ou en Amérique, n’avaient pas été témoins de la spontanéité du mouvement auraient pu en méconnaître le caractère et en contester la valeur. La nouvelle Allemagne, dont la République rhénane pourrait devenir l’une des cellules-mères, doit naître, pour être viable, de la volonté spontanée du peuple allemand, si les leçons de l’histoire et de la défaite ne sont pas pour lui lettre morte.

Après la manifestation du 4 décembre, des comités furent nommés qui devaient travailler à la traduire en actes. Le bourgmestre de Cologne, le Dr Adenauer, prenait naturellement la direction du mouvement. Tous les partis furent conviés à y prendre part ; plusieurs chefs des partis démocrate et socialiste, Falk, Meerfeld, Sollmann se déclarèrent pour l’autonomie. Une réunion fut convoquée le 1er février à Cologne où vinrent les députés récemment élus à l’Assemblée nationale par les pays rhénans, et les bourgmestres des principales villes. La plupart croyaient qu’une république rhénane autonome allait être proclamée ce jour-là. Mais il parut à quelques-uns