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déplorent les traités qui les ont séparés en plusieurs tronçons et aspirent à vivre groupés tous ensemble en une même unité administrative et politique ; les uns préconisent une république de Grande Hesse, les autres préféreraient l’union avec l’ensemble des pays rhénans. Dans les États du Sud, Bavière, Wurtemberg, Bade, la poussée démocratique est foncièrement anti-prussienne. La Westphalie, où sont très nombreux les ouvriers venus de toute l’Allemagne et dont les intérêts économiques sont pangermaniques, est plus réfractaire au mouvement qui trouve au contraire un terrain tout préparé dans les anciens Etats de la maison de Hanovre. Là se maintient, toujours vivante, la protestation guelfe ; là, malgré pression et menaces des fonctionnaires prussiens, les Hanovriens, aux élections de 1912, ont encore donné 90 000 voix aux candidats guelfes dont cinq sont allés siéger au Reichstag. L’Assemblée nationale de Weimar a entendu deux députés guelfes, MM. Alpers et Cothorn, lire, au nom de leurs commettants, un manifeste que la Gazette de Voss du 28 février 1919 résume en ces termes :

« Les députés hanovriens à l’Assemblée nationale ont exposé le vœu de la population de se séparer de la Prusse. Ils signalent que le projet de constitution impériale n’ouvre nullement la voie au régime réclamé par les habitants du Hanovre qui sont unanimes à se prononcer pour la séparation. Il s’agit là, disent-ils, non d’un nouveau particularisme, mais de la reconnaissance d’aspirations qui ont été comprimées par la force ; le Hanovre a été rattaché à la Prusse et ne s’est pas uni à elle volontairement ; il demande à recouvrer sa liberté. Des manifestations populaires viennent corroborer ces déclarations ; une pétition couverte de 350 000 signatures a été transmise de Hanovre au gouvernement d’Empire pour demander l’institution d’un plébiscite en faveur de la sécession et de la sauvegarde des intérêts particuliers contre le mouvement unitaire. »

Sous le titre « la fêlure guelfe, » les Hambürger Nachrichten du 7 mars (matin), commentant ces manifestations en un article plein de fiel, écrivent : « Ce que veulent les Guelfes, le ministre de la justice prussien Heine l’a dit à l’Assemblée nationale lors du débat sur la constitution, c’est l’émiettement de la Prusse. Un Hanovre indépendant signifie la disparition de la Prusse, car il est situé au point de contact entre les deux portions de la Prusse, l’Ouest industriel et catholique,