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heureuse d’une vérité plus parfaite, le désir de l’exactitude et l’art de revenir à l’authentique réalité, dont vous éloignent les livres peu à peu et où la littérature a pourtant ses réserves de substance neuve. Ce fut, dans le symbolisme, la notion très juste que l’art est un symbole, que l’œuvre d’art est le symbole d’une idée et que la littérature est la peinture symbolique des idées. Symbolistes et naturalistes, vers 1885 et dans les années suivantes, s’amusèrent au jeu d’étonner les badauds : et le jeune Paul Adam ne dédaigna point leur jeu. Mais il ne se laissa point tromper aux apparences. Il aima leur polémique et l’aima si bien qu’on l’a vu combattre dans les deux partis. Mais il avait aperçu, derrière la polémique, le problème qu’on négligeait d’examiner parce qu’on se livrait à de plus légers divertissements, le problème principal et qui est de savoir comment se combinent les idées et la réalité. Convient-il de présenter la réalité seule, sans les idées qui peut-être en sont l’âme ? C’est ainsi que procédaient, pour la plupart, les réalistes et, mieux encore, les naturalistes, gens qui volontiers réduisaient au témoignage de nos sens notre connaissance du monde. Et convient-il de présenter les idées seules ou vêtues seulement d’allégories, sans la réalité qui en est peut-être le corps manifeste ? C’est ainsi que procédaient les symbolistes, gens qui supprimaient trop catégoriquement la vérité concrète. Paul Adam se range parmi les naturalistes et les symbolistes : il admet que ceux-ci et ceux-là ont raison d’affirmer leurs thèmes, valables toutes deux, mais ont tort de nier la thèse qui n’est pas la leur. Réunir le naturalisme et le symbolisme, en d’autres termes réunir la réalité matérielle et les idées, voilà dès le début le projet littéraire de Paul Adam : ce fut le souci constant de cet écrivain.


Premièrement, il apparaît comme un idéologue : et c’est un mot qu’on a tant galvaudé qu’il n’a pas l’air d’un compliment ; pour l’appliquer à Paul Adam, je ne songe qu’à la noblesse des idées et à la dignité de l’amour qu’elles inspirent. L’auteur de Basile et Sophia, de La Force et des Images sentimentales a intitulé la série d’ouvrages dans laquelle il range ces volumes l’Histoire d’un idéal à travers les siècles. On dirait aussi bien « l’histoire des idées. » Les idées composent un idéal. Comment ne pas voir, en Paul Adam, l’un de nos idéalistes résolus ? Il a eu toutes les vertus d’un idéaliste, le dévouement, l’intrépidité, même la crédulité.

Dans ses plus anciens écrits, il revendique pour l’intelligence la suprématie politique et sociale. En 1898. il propose un nouvel arrangement