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soustrairaient-ils ? Il faut réduire le nombre des ministères dans le Gouvernement et celui des directions dans les Ministères. Il faut fusionner les administrations dont le chevauchement coûte au trésor autant qu’il nuit au bien de l’Etat, telles l’Enregistrement et les Contributions directes. Il faut refaire la carte administrative de la France, réduire le nombre des cours d’appel, des tribunaux, des conseils de préfectures, des facultés, des ressorts académiques, après avoir jeté bas la féodalité de l’arrondissement et rompu la coalition des intérêts de clocher.

Nos budgets doivent être libérés d’une masse de charges que l’Etat s’est laissé indûment imposer. Telles les subventions de toute nature allouées aux autorités locales en vue de dépenses qui, normalement, incombent à ces autorités et dont c’est à elles, si elles y tiennent, de faire les frais : il n’y a plus place dans nos finances pour la mendicité administrative ou électorale. Telles encore les primes et allocations de toutes sortes dont profitent des industries ou entreprises privées qui vivent en parasites aux dépens de la communauté : l’heure n’est plus à ces générosités stériles, nées et nourricières de besoins artificiels ou intéressés.

De larges économies doivent être réalisées dans les frais du luxe public, fût-ce du luxe artistique ou théâtral, — l’État n’a plus la liberté de se livrer aux prodigalités somptuaires, — et aussi dans toutes les largesses d’ordre social qui encombrent nos budgets et couvrent, hélas ! tant d’abus, d’illusions, d’injustices même : pourquoi l’Etat continuerait-il à subventionner, par exemple, les syndicats professionnels, ou, les sociétés ouvrières de production, ou les bureaux de placement ? Pourquoi n’arrêterait-on pas pour l’avenir les frais de ce régime de retraites ouvrières dont le pays manifestement ne veut pas ? Que l’Etat fasse, — et bien, — ce qui est de son devoir envers le travail, la misère, la vieillesse ou la maladie, mais qu’il le fasse en comptant strictement, et sans arrière-pensée électorale ou démagogique.

Enfin l’étatisme doit être circonscrit et restreint avec la dernière rigueur. Ecartons toutes les nouvelles entreprises socialistes, les monopoles, les» nationalisations, » — on sait ce que cela coûte, — et rendons au contraire à l’initiative privée, dûment contrôlée, ce qu’elle pourra reprendre de nos exploitations d’Etat : les industries y retrouveront leur liberté et nos budgets l’élasticité.