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dans le logement de Mathey, le concierge de la Tour, une autre cage, une cage merveilleuse, celle-ci, et qui provient, croit-on, du garde-meuble du prince de Conti : elle « est toute en argent, avec des guirlandes dorées en or moulu et des cristaux ; » elle comporte « un carillon et une serinette pour instruire les oiseaux, » et le travail en est admirable : « une infinité de tambours, ressorts, fusées, soufflets et détentes, au moyen desquels les oiseaux, en allant se poser sur l’un des bâtons pour manger, font jouer la serinette. » Simon porta la cage dans son appartement ; mais, comme le mécanisme ne fonctionnait plus, il la confia, de sa propre autorité, au citoyen Bourdier, horloger mécanicien, quai de l’Horloge du Palais, s’engageant à payer de sa poche la réparation du féerique jouet.

Le cordonnier et sa femme veillaient également à la propreté et à l’entretien du Dauphin. On trouve, par exemple, dans les comptes, mention d’ « un thermomètre pour les bains ; » les mémoires des blanchisseurs attestent que son linge était abondamment et constamment renouvelé ; on lui voit nombre de costumes ; on sort des armoires les vêtements de couleur dont il disposait avant le 21 janvier ; car, désormais, il ne portera plus le deuil de son père. Outre deux redingotes de basin blanc que Bosquet, ci-devant tailleur du Roi, a fournies pour l’été, il livre, en septembre, une veste, un gilet et un pantalon de nankin, une redingote en drap de Louviers, doublée de soie, un petit habit, un gilet et un pantalon de même étoffe ; et, quoique les comptes du Temple soient répartis entre trop de diverses séries d’archives pour qu’on puisse se flatter d’une investigation absolument complète, si l’on excepte la « veste » précitée et les « pantalons, » — vêtements démocratiques adoptés par les exaltés qui durent à cette affectation leur sobriquet de sans-culottes, — on peut constater que Simon n’obligea pas son élève à revêtir « la livrée de la Révolution. » Pas une carmagnole dans la garde-robe ; pas un bonnet rouge ; un dessin pris sur nature à l’automne de 1793 nous montre la cour du Temple où, parmi les factionnaires armés de piques ou de fusils, les municipaux, les ouvriers jardiniers et autres, passe Simon accompagné du Dauphin : le cordonnier est coiffé d’un bonnet phrygien d’une dimension en rapport avec la ferveur de son républicanisme ; mais le « fils Capet » porte un feutre à grands