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La mobilisation commence en janvier 1918 par les trois divisions de Larissa, d’Athènes, de Chalkis, qui composent le 1er corps ; tour à tour, elles sont dirigées sur le camp d’instruction de Narech (Nord-Ouest de Salonique), puis sur les secteurs calmes du front la Strouma, où elles se préparent, au milieu de l’armée anglaise, par des reconnaissances, des coups de main, au rôle offensif qu’on attend d’elles. En mai, c’est la mobilisation du 2e corps, dont les divisions (Patras, Nauplie et Kalamala), occupant des secteurs sur la Tcherna ou le Vardar, rendirent disponibles les troupes françaises nécessaires à la percée. Enfin, la division de Ianina (du 5e corps) porta à près de 300 000 le nombre des Grecs sous les armes lors de l’offensive de septembre. En même temps, 30 000 hommes, enrégimentés dans des compagnies d’indigènes (musulmanes et israélites), soustraits au service militaire, étaient mis comme travailleurs à la disposition des armées alliées.)

5 000 officiers, 204 000 hommes (non compris 112 000 hommes des dépôts et des nouvelles classes appelées en septembre 1918), 53 000 animaux : telle fut l’armée que l’expédition de Macédoine, la ténacité de M. Vénizélos, la méthode des missionnaires firent sortir du sol hellénique. L’Angleterre envoya les vêtements, les vivres. La France fournit les armes, le fusil français à chargeurs, toute l’artillerie de corps et divisionnaire un régiment d’artillerie de campagne (9 batteries), un groupe d’artillerie lourde longue (3 batteries), un groupe d’artillerie lourde courte (3 batteries) pour chacun des trois corps d’armée ; deux groupes d’artillerie de montagne, une batterie d’artillerie de tranchée (pour chacune des dix divisions), le matériel des convois administratifs (les 400 voitures, l’équipement nécessaire aux 15 000 animaux, petits chevaux réquisitionnés sur place ou mulets importés, de chaque corps d’armée), le matériel du génie, les hôpitaux, les ambulances.

Sans doute, cette levée de légions ne se fit-elle pas sans heurts. Mais la critique est trop facile qui, comparant aux meilleures armées d’Europe, dessine la caricature d’une armée orientale. Je songe à Salonique sous l’œil des dieux, aimable œuvre, fâcheuse action : elle peut faire rire qui juge la Grèce sur les continuateurs d’About ; elle eût pu décourager les âmes bien nées, qui, malgré la propagande des Allemands et des conjonctures, n’ont point désespéré de l’Entente après l’écrasement