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Les agents du gouvernement d’Athènes multiplient les formalités administratives. L’armée grecque continue sa concentration : dans Salonique un corps d’armée, de part et d’autre de la voie ferrée du Vardar, deux corps d’armée prêts à intercepter le chemin de fer, toute l’artillerie de la ville braquée sur le camp français, les forts Karabouroun et Vardar, clés de la rade de Salonique, occupés par des contingents royalistes. Aux demandes de M. Guillemin qui réclame le désarmement des deux batteries de la côte, la remise des lignes Salonique-Guevgueli et Salonique-Doïran, l’éloignement des corps d’armée, le 3e à l’Ouest (à Verria et Kozani), les 4e et 5e à l’Est (à Drama, Kavalla, Serrès), Constantin réplique par de doucereuses promesses : jamais les forts de Salonique ne tireront sur les Alliés ; lui-même s’engage à empêcher les Bulgares d’entrer en Grèce, si les Alliés à leur tour promettent de vider les lieux ; à la menace du général Sarrail qui, décidé à assurer la sécurité de ses troupes, veut couper toute liaison avec Salonique et exposer à la famine les corps d’armée de Macédoine, il répond que les effectifs seront diminués, que le 5e C. A. sera envoyé vers l’Est, que l’armée grecque, au moment voulu, s’écartera pour laisser aux belligérants le champ libre ; mais il refuse d’évacuer Salonique et proteste contre les travaux de fortification entrepris. En même temps, ses fonctionnaires dociles continuent leurs piqûres d’épingles : les services grecs coupent nos communications télégraphiques, rendant très précaires les rapports du général en chef et des divisions du front, redoublent sur les chemins de fer de malveillance ou d’inertie. Le 12 décembre, 60 wagons sont envoyés en Bulgarie sous prétexte de blé à prendre. A la frontière, les officiers royalistes refusent le passage à nos reconnaissances qui vont tâter l’ennemi commun. Le 12 janvier 1916, trois compagnies françaises se présentent pour faire sauter sur la Strouma le pont de Demir-Hissar : le général commandant la division grecque tente de les intimider et fait avancer ses troupes, au reste en vain. Le 17 janvier, un peloton de cavalerie grec charge sabre au clair des soldats anglais sans armes travaillant aux portes de Salonique, et le général commandant le 3e corps, contraint d’exprimer ses regrets, invoque un involontaire incident de manœuvre ! Le 20 janvier, de nombreux wagons chargés de charbon partent comme par hasard de Vertekop sur Monastir à la rencontre des Bulgares.