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de l’autre par les isthmes et lacs de Chalcidique, formait un arc de 120 kilomètres, de l’embouchure du Vardar au golfe d’Orfano : au minimum 70 kilomètres, du Vardar à Langaza, se développaient en demi-cercle autour de la ville. Alors l’armée française comptait 94 000 combattants, l’armée anglaise 95 000.

Les 200 000 Alliés (il faut ajouter 6 000 Serbes qui viennent de débarquer de Gorfou) ont à faire face au péril bulgare (280 000 hommes qui s’apprêtent à l’attaque) et peut-être à la menace grecque. Celle-ci, pour hypothétique qu’elle soit, n’est pas la moins inquiétante. Le danger bulgare est loin encore : l’armée d’invasion s’est arrêtée sur une ligne approximative Monastir-Doïran et n’a pas franchi la frontière grecque. Dans Salonique même ou à ses portes, cantonnent trois corps d’armée helléniques, et les intentions de leurs chefs sont pour le moins assez douteuses. Le diadoque réside dans la ville et nous y surveille. Des batteries grecques sont prêtes à tirer sur notre camp de Zeitenlik, où sont accumulés nos magasins, nos dépôts. Les Grecs passifs, entre les mains de généraux, de gouvernants germanophiles, après avoir renié leurs engagements envers les Serbes, oublieront-ils leurs devoirs envers les Puissances protectrices, qui ont fait leur indépendance, assurent leur ravitaillement, montent à cette heure la garde aux frontières au lieu de leur armée défaillante ?

Convient-il donc de sauver la Grèce, en dépit de ses gouvernants ?


Le 9 décembre, la France et l’Angleterre informent le gouvernement hellénique que Salonique va être fortifiée par leurs soins. Constantin, un peu surpris de cette décision énergique, stupéfait de voir nos troupes revenir intactes de Serbie et des contingents nouveaux les accroître, envoie au Q. G. du général en chef deux officiers de son Etat-major, dont le colonel Metaxas. Celui-ci, avec le général Dousmanis, dirigeait l’armée grecque pour le compte de l’Allemagne : il promet toutes facilités à l’établissement du camp retranché, déclare l’armée grecque prêle à évacuer la place forte, à l’exception de la garnison normale de la ville (une division), mais n’offre d’autre garantie qu’un problématique bon vouloir.