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anglaises (22e, 28e, 26e et 10e divisions) les prolongent à l’Est jusque vers Langaza et les isthmes ; la 27e D. I. britannique, qui n’a pas encore d’artillerie, reste en réserve dans la ville même. L’installation matérielle, en dehors de tout cantonnement, par suite du manque de bois (sauf dans le secteur anglais), reste primitive : par l’hiver pluvieux du golfe, en remuant les boues, les miasmes de la campagne marécageuse, nos troupes, déjà fatiguées par la retraite, contractent bronchites, dysenteries. Les compagnies ont 200 hommes à peine, les dépôts intermédiaires sont vides. La 122e D. I. a un front de 24 kilomètres dans les marais, la 156e de 7, la 57e de 12 sur un sol rocheux, pénible, sans matériel mécanique, sans explosifs suffisants. A la mi-février, débarque la 17e division coloniale, dernière épave des Dardanelles, qui apporte quelques renforts. Mais l’artillerie lourde nécessaire ne vient point encore, ni d’Angleterre ni de France : ce n’est qu’en février que seront en place nos 30 batteries lourdes ; encore y a-t-il là toute sorte de calibres, des 105 L, des 120 L, des 155 L, des 100 de marine, peu de pièces à tir courbe, quelques 155 C trop rares pour les brusques dénivellations du pays.

En deux mois, nos terrassiers, aidés de la main-d’œuvre civile, ont établi la première position, trois lignes de résistance, et, devant chaque ligne, un réseau de fils de fer de 10 mètres d’épaisseur au moins. Le génie renforce les obstacles naturels de l’Ouest et de l’Est, les marais du Vardar, les lacs de Chalcidique : presque tout le matériel est venu de France. En même temps, on crée un réseau routier reliant Salonique aux lignes de défense : 30 kilomètres de Salonique à Narech et Djouma, 30 kilomètres sur la vieille route de Salonique-Monastir. En quatre mois, furent remis en état 50 kilomètres de chemins médiocres, furent construits 30 kilomètres de routes neuves, sans compter les nombreuses routes non empierrées pour arabas (voitures légères), les 100 kilomètres de plates-formes pour voie de 0 m.60, les ouvrages d’art sur les rivières, les ravins.

En avril 1916, le camp retranché avait pris forme : 48 pièces de 65, 164 de 75, 146 piètres lourdes dans le secteur français, 240 pièces de campagne, 80 obusiers, 30 canons lourds de siège et de marine dans le secteur anglais, prétendaient interdire l’approche : le camp retranché, fermé d’un côté par le Vardar,