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Sud à Messongi, Braganiotika, Strongyli, San Mathias. Chaque camp, d’une superficie d’environ 100 hectares, peut abriter une des futures divisions (6 divisions d’infanterie, 1 de cavalerie). Des ports sont aménagés pour le débarquement des troupes, des vivres, par le génie français à Govino, à Moraïtika par les Anglais. Les routes, en médiocre état, sont améliorées par les travailleurs qu’encadre le 56e bataillon de chasseurs à pied. C’est là le gîte offert par la France à l’armée serbe.

« L’armée a perdu presque tout, écrit le colonel Fersitsch, alors ministre de la guerre, mais elle garde intactes ses Iraditioùs d’un passé glorieux, son honneur, sa fierté, sa dignité. C’est ce qui représente pour elle son patrimoine le plus cher, c’est la base sur laquelle elle va se réorganiser et renaître. » C’est de soins surtout qu’elle a besoin tout d’abord : dans les baraques construites par le service de santé on voit déambuler des squelettes aux yeux caves énormes, aux côtes saillantes, aux bras, aux jambes qui ne sont plus que des os : les photographies prises alors témoignent encore de ce spectacle macabre. Chaque jour la misère physiologique, la tuberculose, l’entérite, après la choléra et le typhus, entassent sur les barques les cadavres que, par hygiène, on jette au large. Et les plus malades ont été évacués sur Bizerte et sur le Frioul : à Bizerte, parmi 17 814 Serbes débarques de janvier à mars, on constata 325 cholériques, on enregistra 187 décès !

Des mesures énergiques sont prises tout de suite : des hôpitaux français sont installés à l’ile de Vido, au Lazaret, à l’Achilleion, une infirmerie de port à Govino, une infirmerie dans chaque camp, un hôpital anglais dans la presqu’île de Foustapidima ; toutes les troupes sont vaccinées et de France on reçoit 90 000 doses de sérum pour la population civile ; une mission médicale est jointe à la mission militaire du général de Mondésir, qui crée un laboratoire bactériologique, entame, la lutte contre le choléra et le typhus, impose aux autorités grecques, fait réaliser par le génie français de très nombreuses mesures d’hygiène collective, incinération des ordures, désinfection des eaux, stations d’épouillage. Contre le typhus qui se transmet par le pou, on organise le combat rationnel : les malades sont tondus, rasés, savonnés des pieds à la tête, passés aux solutions parasiticides et de nouveau savonnés ; les vieilles bardes sont détruites, des vêtements neufs sont revêtus. Ainsi se faisait,