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Dès octobre, les Alliés se sont préoccupés de ravitailler l’armée en retraite et les émigrants qui la suivent. La France est prête la première : c’est elle qui concentre à Brindisi les munitions et les vivres. L’Italie revendique le droit de transporter ce ravitaillement. Mais le 5 décembre, en rade de Saint-Jean de Medoua, le 6 en rade de Dourazzo, les convois sont attaqués par l’escadre autrichienne, et leurs chargements en partie perdus ; des torpilleurs français et anglais vont prêter main-forte à la flotte italienne. Le ravitaillement est malaisé dans ces ports ouverts, trop proches de Cattaro, où sont concentrés les navires ennemis. Le 29 décembre, le Monténégro capitule ; le 8 janvier, le prince Mirko proclame la guerre inutile et licencie son armée. La menace autrichienne se précise. L’embarquement commence à Medoua et à Dourazzo ; mais, pour éviter l’encombrement, la majeure partie de l’armée serbe est dirigée par terre sur Vallona, marche difficile dans les marais de la côte, du Skoumbi, du Semeni, oiî les jeunes classes serbes laissent encore en route une foule de malades, de mourants.

Le 27 décembre, les officiers de la mission française font le recensement de l’armée que la grande sœur va recueillir : 100 000 hommes, 37 000 chevaux, 6 000 bœufs, 54 000 fusils, 179 mitrailleuses, 2 millions de cartouches, 70 canons avec 800 coups par pièce ; c’est ce que l’on sauve de la débâcle de trois mois.


Les Alliés ont résolu de reconstituer l’armée serbe. La France s’en charge. Corfou est le lieu de concentration choisi : les Serbes, proches de leur patrie, y seront convaincus que la réorganisation militaire n’a que des buts qui leur tiennent à cœur ; l’Albanie voisine, surtout la route de Santi-Quaranta-Monastir, la seule grand’route de l’Albanie du Sud, leur permettront de reprendre, dès qu’elle sera possible, la marche sur la Macédoine perdue. La flotte alliée, ancrée à Corfou, les protège contre toute surprise navale.

Corfou est une ile montagneuse, dont les côtes découpées, surtout le littoral oriental, offrent à l’abri du vent d’Ouest et des tempêtes du large, des rades abritées et de petites plaines où furent installés les camps. 7 camps furent aménagés au Nord à Govino, sur l’Ipsos inférieur, sur l’Ipsos supérieur, au