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19 kilomètres de Salonique à Guevgueli nécessitent quatorze heures. Pas de routes. Les cartes sont inexactes, les reconnaissances interdites. Les autorités grecques font défense au général Sarrail et à ses officiers de s’éloigner de Salonique de plus de 8 kilomètres ; on n’a point accès aux hauteurs qui dominent la ville. Des officiers envoyés en reconnaissance vers Koukouch sont arrêtés par les postes grecs. Défense d’établir des antennes de T. S. F. ; défense de poser sur les poteaux du royaume des fils téléphoniques. On utilise donc les lignes privées contre paiement, mais les dépêches urgentes sont systématiquement retardées, très souvent rendues incompréhensibles, et les chiffrées sont le plus souvent brouillées. Demandions-nous, à défaut de cartes, des renseignements aux officiers grecs, ceux-ci, par ordre, nous trompaient sciemment : le général commandant le corps d’armée de Salonique, ayant fini par autoriser des reconnaissances de cavalerie, indiqua comme seule voie possible la rive droite du Vardar où, faute de chemin, nos cavaliers s’embourbèrent. Lorsqu’enfin nos premiers détachements purent marcher vers le Nord, les autorités grecques imposèrent l’obligation de passer par leur poste d’examen, et, alors que les troupes devaient remonter la rive gauche, elles établirent le poste sur la rive droite, à Dzehovo.

Cependant les Bulgares ont franchi, au Sud de Stroumitza, la frontière serbe, et, vers Valandova et Tatarli, s’installent sur les pentes méridionales du Bélès qui dominent la vallée du Vardar, par conséquent la voie ferrée. Nous avons réussi à pousser par le chemin de fer quelques détachements vers les derniers défilés du Vardar. Deux débouchés sont à tenir : à l’Est, celui de Kostourino qui, à travers le Bélès, mène vers la vallée de la Stroumitza ; à l’Ouest, celui du Vardar même, les gorges sombres de Demir-Kapou, au delà desquelles, à Davidovo, le fleuve s’étale dans la plaine de la Boemia ouverte au mûrier, aux douceurs, aux armées saloniciennes ; nos légionnaires de la 156e délogent les Bulgares du pied du Bélès, dégagent le chemin de fer, refoulent l’ennemi vers les crêtes, s’établissent aux deux portes, tandis que les deux autres divisions, par le Vardar, tentent la liaison avec les Serbes ; le 57e, après avoir longé le fleuve, engage de durs combats à Krivolak au delà du défilé de Demir-Kapou ; la 122e plus à l’Ouest, recherche à Gradsko et Kamendol des têtes de pont sur la rive