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venue, rompra d’une manière définitive tout le front de l’Europe centrale.


Les forces ennemies auxquelles nous avons affaire en octobre 1915 sont exclusivement des Bulgares. Les renseignements présentent l’armée bulgare en marche vers le Vardar et Ouskoub : en arrière, les 1re, 6e, 8e, 9e divisions rassemblées entre la Nichava et le Danube ; puis, s’avançant sur le territoire serbe, la 3e D. I. vers Vrania, la 7e vers Koumanovo, la 11e par la vallée de la Bregalnitza, la moitié de la 5e sur Stroumitza.

L’armée serbe n’oppose à ces 177 bataillons bulgares que 78 bataillons déjà épuisés par les combats livrés sans répit durant un mois, ayant perdu presque la moitié de son effectif, ayant dû abandonner avec les vallées de la Morava, de la Toplitza ses principales sources de ravitaillement. Contre l’artillerie lourde allemande les plus gros calibres dont elle dispose sont des obusiers à tir rapide de 15 (deux batteries pour toute l’armée), quelques batteries d’obusiers et de canons longs de 12. Les Anglais annoncent qu’ils vont renforcer leur unique division par une autre venant d’Alexandrie et trois autres enlevées de France ; mais, au début de novembre, ces renforts ne sont pas encore parvenus. La France continue à envoyer des troupes, le 8e chasseurs d’Afrique, qui part tout de suite pour la frontière serbe, la 2e brigade de la 57e D. I. (113e), qui va rejoindre sa division, la 156e, poussée vers Demir Kapou, les Portes de Fer du Vardar, la 122e division, accompagnée de 8 batteries, qui débarque fin octobre. Tandis que l’armée anglaise a ordre de ne pas s’éloigner de Salonique, de s’assurer la possession de la ville et de garder la voie ferrée, l’armée française doit tenter de recueillir, d’étayer l’armée serbe, comme en août 1914 notre armée de gauche avait, en Belgique, recueilli l’armée belge qui chancelait.

Avancer n’est point facile : pour effectuer les mouvements, il faut recourir au chemin de fer, et l’administration grecque n’en autorise pas l’usage. On veut instituer une commission mixte : l’abstention des membres helléniques l’empêche de fonctionner. On doit demander des trains au titre commercial, et ce n’est pas sans peine qu’on parvient à les obtenir ; tous les prétextes sont bons pour entraver leur marche normale. Les