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23 septembre, M. Vénizélos propose de demander à l’Entente les 80 000 hommes nécessaires pour compléter l’effectif serbe, voire 150 000 hommes. Le Roi se tait. Le Premier fait la démarche auprès des ministres de France et d’Angleterre. M. Vénizélos se plait à conter cette scène mémorable où les deux hommes se révèlent, les deux politiques, les deux mondes. Constantin n’ose heurter de front son ministre. Dans la soirée, il lui dépêche Mercati, le maréchal de la Cour : la démarche ne doit point se faire, u Trop tard, répondent la voix claire, les yeux bleus lumineux, clairvoyants sous les lunettes d’or. Au surplus fùt-il temps, la requête eût été présentée encore. Si je reste au pouvoir, ma politique sera appliquée. » Le 2 octobre, les représentants de la France et de l’Angleterre font savoir que les deux Puissances enverront des troupes à Salonique. L’armée d’Orient était née.

Mais, le 5 octobre, le Roi renvoie M, Vénizélos. L’armée grecque est mobilisée. Aux ordres de l’Etat-major germanophile, est-elle toujours mobilisée contre le Bulgare ? Les généraux grecs applaudissent aux succès allemands : même celui qui commande à Salonique, le général Moschopoulos, les prévoit, les prédit. La concentration se fait exclusivement en Macédoine. Le 20 octobre, le 5e corps débarque à Salonique, le 31, le 1er corps. A la fin d’octobre, autour de Salonique, 5 corps d’armée grecs de 3 divisions se rassemblent : le 1er C. A. à Salonique même, le 2e à Vassilika « Sud-Est de Salonique), le 3e à Verria et Kozani (Ouest de Salonique) et Salonique, le 4e à Drama, Kavalla, Serrès (Macédoine orientale), le 5e à Salonique, Langaza et Aïdali.

Cependant les ennemis déclarés dévalent à travers la Serbie : 12 divisions austro-allemandes remontent la vallée de la Morava, 7 divisions bulgares (celles-ci formées à 6 régiments) tendent vers la voie ferrée Nich-Ouskoub, qu’elles coupent à Vrania le 17 octobre ; le 20 Vélès, le 22 Ouskoub sont occupés.

L’Entente a fait débarquer à Salonique une division britannique (la 10e), une division française (la 156e) venue des Dardanelles, une brigade mixte française (la 114e de la 57e D. I.) arrivée de France le 12 octobre. La division Bailloud (156e), retirée des Dardanelles fin septembre, est affaiblie par ses pertes, anémiée par la dysenterie ; 12 bataillons squelettiques, l’artillerie divisionnaire démontée tant par les bombardements