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se sont montrés barbares vis-à-vis de vos camarades tombés. Vous avez entendu les cris et les plaintes de faibles enfants, de femmes, de vieillards épuisés, dont les convois passaient à côté de vous pour se mettre sous la protection de vos armes contre l’avance de ces hordes... Héros ! la défense de nos demeures et la protection des faibles vous invitent à disputer avec acharnement, pas à pas, le sol de la patrie... »

L’armée serbe crie au secours.

Depuis deux mois elle appelait à l’aide. Le gouvernement serbe n’avait cessé de dénoncer le péril bulgare. « Lorsque la mobilisation bulgare fut ordonnée, écrivait M. Pachitch, nous avions la certitude qu’elle était dirigée contre nous et nos alliés. Nous nous sommes adressés en conséquence à nos alliés en leur demandant ou d’exiger de la Bulgarie par un ultimatum la démobilisation de son armée, ou de lui déclarer la guerre et de nous envoyer, en même temps, du secours, le plus vite et le plus qu’ils le pourront. Au lieu de cela, nos alliés ont déclaré à la Bulgarie que, si elle attaquait la Serbie, on se considérerait comme en état de guerre avec elle : c’est ainsi que la Serbie fut privée de la possibilité d’empêcher l’armée bulgare de mobiliser, et que la Bulgarie en gagnant du temps a pu achever la concentration de ses troupes sur la frontière serbe et attaquer la Serbie. Lorsque la Serbie fut attaquée, nous nous sommes adressés encore une fois à nos alliés : nous les avons prévenus que la Serbie ne pourra tenir longtemps si on ne lui envoie du secours le plus vite possible et en plus grand nombre, et que la Serbie succombera si ce secours arrive tard. Depuis l’attaque austro-allemande et bulgare, la Serbie combat jour et nuit sur tous ses fronts, elle commence à fléchir, et le moment approche où elle succombera définitivement devant la force ennemie supérieure... »

Tandis que la Serbie s’inquiète, son alliée, l’autre constante ennemie des Bulgares, la Grèce, s’interroge. Le 10 septembre la Bulgarie avait décrété la mobilisation générale. Le 23 septembre, Constantin appose sa signature sur le décret de mobilisation que M. Vénizélos lui présente. Le grand honnête homme qui gouverne la Grèce veut tenir ses engagements d’allié : le traité du 3 juin 1913 contraint la Grèce à secourir la Serbie attaquée. Mais le Roi, lié à l’Allemagne, ergote. La Serbie, de son côté, doit fournir 150 000 hommes : elle ne le peut. Le