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L’EFFORT FRANÇAIS

LA
CROISADE DE SALONIQUE
(12 OCTOBRE 1915-13 NOVEMBRE 1918)

I

Le 9 octobre 1915, les Austro-Allemands occupent Belgrade ; le 11, les Bulgares franchissent la frontière serbe à l’Est de Nich ; le 12, le général Sarrail, « commandant en chef l’armée française opérant en Serbie », débarque à Salonique.

111 bataillons allemands, 53 bataillons austro-hongrois, 177 bataillons bulgares, au total 341 bataillons : voilà la force offensive. En face d’elle, l’armée serbe, 194 bataillons, 116 sur le front Nord opposés à l’invasion austro-allemande, 78 sur le front Est contre les Bulgares. Cette armée a été deux fois victorieuse de l’Autriche, au Tzer en août 1914, à la Koloubara en novembre ; elle est sur la brèche depuis 1912, a battu le Turc, le Bulgare, l’Autrichien, mais s’épuise : elle manque d’hommes, d’artillerie, de munitions, de vêtements. Deux fois en un an, elle a vu son pays piétiné par les « Barbares », et elle se demande si elle tiendra devant la troisième ruée. « Héros ! lui clame son commandant en chef, le prince Alexandre, vous avez vu de vos propres yeux toutes les horreurs que l’ennemi cruel a commises dans des demeures paisibles sur de faibles êtres sans défense, à Yadar, dans la Matchva fertile et dans la riche ville de Chabats. Vous avez vu de vos propres yeux comme ils