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ou de Bethmann-Hollweg, des officiers en uniforme font la navette entre le banc des ministres et le grand salon réservé aux membres du Gouvernement. Les figurants sont les mêmes : il n’y a de changé que les premiers rôles. A la place occupée naguère par le chancelier de l’Empire est assis M. Erzberger ; auprès de lui, je reconnais M. Hermann Müller et M. Noske.

Le président Fehrenbach ouvre la séance à trois heures et demie devant un hémicycle presque désert ; la discussion sur la réparation des dommages de guerre et l’interpellation des conservateurs sur la baisse du mark n’ont pas attiré beaucoup de députés dans la salle des séances. On me dit que les bancs du Reichstag, dans leur confortable disposition d’autrefois, ne contiennent pas assez de places pour asseoir tous les membres de l’Assemblée. Il faudra serrer les rangs et ajouter en avant, vers la tribune, quelques bancs supplémentaires. Mais, si j’en juge par la séance d’aujourd’hui, il n’y a rien qui presse : on peut attendre.

Dans les couloirs, un peu plus animés que la salle des séances, on annonce que Noske, parlant à la Commission du Budget, a déclaré qu’aucune diminution de crédits ne pouvait encore être inscrite au chapitre de la Guerre.


UN PROTESTANT ALLEMAND PARLE DE l’ÉGLISE ROMAINE


8 octobre.

M. M... est un Allemand protestant, qui a du penchant pour le catholicisme et de nombreuses relations dans le monde catholique, il a rencontré plusieurs fois pendant la guerre le père Ledochowski, général des Jésuites, et le nonce aj)Ostolique en Bavière, Mgr Pacelli. Les milieux romains lui sont connus, et il les a un jour évoqués devant moi avec une vérité et une précision qui m’ont frappé.

Je l’ai rencontré aujourd’hui chez..., et tout de suite nous avons parlé religion, ou plus exactement politique religieuse. « L’Eglise romaine, me dit-il, aurait en ce moment un beau rôle à jouer en Allemagne. Le protestantisme perd chaque jour du terrain. D’abord, il a cessé d’être religion officielle ; l’Etat lui a retiré le privilège qui faisait chez nous la moitié de sa force. Et puis, la guerre et la révolution ont créé dans beaucoup