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tous cette reconstruction, non comme une affaire, mais comme une obligation, comme un devoir. Nous voudrions pourtant qu’on nous permit d’accomplir ce devoir avec méthode. Chaque Etat particulier, en Allemagne, a ses ressources spéciales en industrie, en outillage, en main-d’œuvre qualifiée. Que, par l’intermédiaire du Reich, l’Entente invite les Etats à se répartir entre eux la tache de reconstruction ; qu’elle mande auprès d’elle les représentants techniques de chaque Etat, pour procéder, d’accord avec eux, à cette répartition. Ainsi, non seulement vous gagnerez du temps, — et vous en avez déjà perdu beaucoup depuis l’armistice, — mais vous, obtiendrez une meilleure qualité de travail, chacun n’étant chargé que de ce qu’il peut faire et de ce qu’il sait faire le mieux.

« En travaillant à reconstruire votre pays, nous aspirons, bien entendu, à restaurer aussi le nôtre, et nous ne pouvons y parvenir que si nous obtenons de vous du travail et les moyens de travailler. Entre les États d’Allemagne, l’État de Hambourg est peut-être celui qui a le plus souffert : nous n’avions qu’une corde à notre arc, le commerce. Or, nous n’avons plus rien à exporter. Comme vous le verrez vous-même, notre port est vide et inerte. Mais il est prêt à travailler. C’est une machine puissante, parfaitement équipée, qui, dès qu’elle sera remise en mouvement, ne cessera plus de produire, pour nous, qui l’avons créée et pour le monde entier, dont elle attend la matière nécessaire à son activité. »


LE PORT ENDORMI


19 septembre.

Par les soins de M. Heidecker, j’ai reçu ce matin un petit papier blanc et vert, qui m’autorise à visiter le port ; ce bulletin porte deux cachets : à gauche, celui du département d’État, à droite celui du « Corps des Volontaires de Holstein, » qui a assumé la garde de Hambourg au lendemain de la révolution. Il est dix heures lorsque je monte dans la vedette que les autorités du port ont mise à ma disposition pour parcourir les bassins, qui s’étendent sur seize kilomètres au long des deux rives de l’Elbe. Le brouillard du matin s’est dissipé ; tout baigne dans la lumière ; l’eau est aussi bleue que le ciel. « Un soleil bien joyeux pour éclairer un cimetière », me dit le capitaine