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en y arrivant. Ainsi, le temps de ma visite sera fixé. Tu me reverras plus tard. J’ai plus de liberté que je ne le croyais, et, sois tranquille, le voyage fait ainsi, toi au bout, n’est pas une fatigue. Quand tu m’entendras, tu verras que je suis venu utilement comme s’il n’y avait pas de plaisir, le plus immense bonheur, à récolter ; celui de voir, de respirer mon louloup !

Enfin, cela ne coûte que quinze louis d’aller et de revenir. Quand je te verrai, il y aura un mois presque, que je t’aurai quittée.


XVI


A Madame Hanska, Hôtel du Cerf, n° 2, à Baden-Baden.


(Passy, 4-7 octobre 1845.)


Samedi 4 octobre. Deux heures.

Je suis arrivé ce. matin à cinq heures, sans avoir pu dormir pendant les deux nuits passées en malle-poste.

Je viens de me reposer. J’ai dormi cinq heures. Je viens de déjeuner ; je pars pour faire des courses dans Paris. Je t’embrasse en pensée. A demain pour plus de détails, car il faut, malgré ma fatigue, que je me lève cette nuit, et que je reprenne mes travaux.


XVII


Dimanche 5 octobre. Quatre heures du matin.

Au lieu de me lever à deux heures, je n’ai pu que me lever à trois heures et demie. J’ai pris du café. J’ai les épreuves de quatorze feuilles de la Comédie Humaine à lire, et il faut fournir Chlendowski, lequel a vendu à des tiers les ouvrages qu’il avait à publier. Il faut porter demain mes quatorze feuilles corrigées aux imprimeries, et, quatorze feuilles, c’est quasi la moitié d’un volume de la Comédie Humaine.

Je ne te parle pas, mon bon louloup, de mon chagrin ; il n’est contenu que par le désir, la certitude de te revoir bientôt.


H. DE BALZAC.