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XIV


A Madame Hanska, Hôtel du Cerf, n" 2, à Baden-Baden.


(Passy, 15-20 septembre 1845.)

Lundi 15 septembre.

Ma Line chérie, je ne suis pas très avancé. J’ai encore treize feuilles de Petites Misères de la vie conjugale à faire, huit feuilles de la Comédie Humaine pour M. Chleudowski. Que veux-tu ? Je ne puis plus que t’aimer ; je ne pense qu’à toi. A mes œuvres, point. Tu m’as fait connaître le bonheur infini ; je ne veux plus que cela. Je ne m’occupe des choses que par rapport à loi.

Hier, je suis allé revoir la maison de M. Sallon en détail, avec lui. Non, c’est inconcevable ; je n’en reviens pas. Ça a déjà coûté plus de cent mille écus. Aussi, suis-je tout décidé. Peut-être partirai-je dimanche prochain pour t’aller voir. J’attends pour me décider que je sache où tu es.


XV


Samedi 20 septembre.

Beaucoup de courses, rien ne se termine. Mon louloup adoré, je tiens ta lettre numéro trois. J’y réponds par un seul mot ; quand tu tiendras cette lettre-ci dans tes belles mains adorées, qui sont les plus belles que j’aie jamais vues, ton Noré sera dans la malle-poste de Strasbourg, et tu le verras vendredi pour déjeuner. Prie Georges de ma part de me trouver une chambre à n’importe quel étage. Je viens te voir deux ou trois jours. Je t’apporte le plan de la maison et je viens causer avec toi de mes affaires. Elles sont en bon train ; il se prépare pour moi d’excellents résultats. Mais je ne veux pas prendre certains partis dans la vie sans t’avoir consultée, et, chère âme de mon âme, ce que tu me vois faire aujourd’hui, je le ferai jusqu’à la fin de mes jours, car tu es ma lumière. Des lettres à écrire là-dessus me fatigueraient beaucoup, seraient interminables ; les réponses viendraient trop tard ; et puis, te voir... Oh ! si tu savais ce que c’est pour moi ! Je te le dirai.

Je retiendrai ma place du retour, à la malle-poste de Strasbourg,