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le ministre de l’Instruction publique déclara au Sénat que plusieurs Instituts étaient en voie de création, dans nos diverses universités, et définit leur rôle en ces termes : « Dans ces Instituts, il y aura deux parties : laboratoires de recherche et laboratoires d’enseignement. Les laboratoires de recherche devront avoir un nombre de places limité, car le nombre des chercheurs est assez restreint... ; au contraire, les laboratoires destinés à l’enseignement doivent se conformer aux nécessités de chaque région » et répondre à l’affluence certaine des élèves. A Paris même sont actuellement en cours la construction d’un Institut de chimie (distinct de l’Institut de chimie appliquée, déjà édifié), l’agrandissement de l’Institut du radium, la réalisation d’un Institut de chimie physique, d’un Institut d’histoire de l’art ; et l’on étudie la fondation d’un Institut de géographie, d’un Institut d’hygiène, d’un Institut de biologie médicale, etc.

Sans doute, il y a dans ces créations quelque décousu, des obscurités, des imperfections (un ministre organisateur en profiterait pour faire disparaître nombre d’enseignements similaires, de doubles emplois, pour coordonner et spécialiser) ; mais que sont ces inconvénients, en regard de la vitalité dont témoignent ainsi nos Universités et de la satisfaction donnée aux grands intérêts intellectuels et économiques de la France ? Enfin un budget de recherche apparaît à côté du budget de l’enseignement proprement dit, — un budget de la science !

La guerre a montré les prodiges que nos savants pourvus de moyens utiles pouvaient accomplir : nous leur promettons les instruments de recherches qui leur permettront de rendre la paix française laborieuse et féconde. Une bonne organisation du travail scientifique se dessine. Une génération nouvelle de chercheurs et de techniciens se prépare. Une direction éclairée sera donnée au petit nombre de travailleurs dont dispose la France victorieuse mais décimée... Voilà du moins ce que je veux entrevoir dans cette floraison d’Instituts d’universités.

Ne nous grisons pas toutefois de nos espérances. Ce n’est qu’une entrevision. Gardons notre lucidité. Ne cessons pas de réclamer. Alors qu’un petit, trop petit nombre d’instituts techniques fonctionnent en plein développement, les instituts de