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grandeur et la faiblesse à la fois de la spéculation désintéressée qu’elle n’émeut qu’un choix d’esprits élevés. Eh bien ! il appartient à l’Etat de suppléer par une dotation assez large à la défaillance du public.

Même s’il ne fait pas spontanément recette, l’Institut de recherche présente des avantages distincts qui peuvent rendre sa création opportune dans une Faculté des sciences. Il possède une espèce d’autonomie que les projets du gouvernement tendent à accroître. Il est régi par un fondateur ou un directeur, que désignent des qualités d’ouverture d’esprit et de volonté tenace. Il rassemble des installations appropriées, un matériel complet, un personnel spécialisé. Il facilite cette coordination d’efforts que rend nécessaire, à notre époque, la production scientifique. C’est une forme neuve et qui rallie les espérances de nos savants, qu’ils soient tournés vers la spéculation ou vers l’application. Ils estiment qu’elle est plastique, qu’elle se modèle au gré des exigences des diverses sciences, qu’elle est propre à accroître l’intensité et le rendement de l’action des maîtres. Ils y voient le meilleur instrument pour la renaissance universitaire.

La Sorbonne, parfaite naguère comme centre d’enseignement verbal, ex cathedra, représente à certains égards un anachronisme. Qu’est-ce que son agglomération de laboratoires à l’étroit, quand chacun devrait réunir un ensemble de rouages, telle une usine ! Les maîtres, excédés de l’exiguïté du palais et de la rigidité des règlements, réclament avec force l’érection d’instituts pour chacune des sciences qu’ils professent. Ecoulez l’un de ces messieurs, M. Leduc. L’Institut de physique, nous dit-il, devrait comprendre, « outre les amphithéâtres, salles de conférences, bibliothèques et salles de travail, les divers laboratoires existant actuellement, mais construits sur des plans bien différents et, en plus, un laboratoire d’applications techniques, où l’on pourrait étudier les questions intéressant les diverses industries. » Et l’éminent professeur de décrire les salles spécialisées où seraient installés un atelier de mécanique, un atelier de soufflage et de travail du verre, un appareil frigorifique, certains dispositifs d’étalonnage, les moteurs et machines, etc..

Ces idées de nos maîtres s’imposent à l’agrément de la haute administration, cependant si routinière. Le 1er avril 1919,