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de milliards de francs, qui exploite quarante-six millions d’hectares, qui emploie six millions de travailleurs, représentant, avec leurs familles, près de la moitié de notre nation ; c’est, au point de vue social, l’industrie modèle, celle qui rend le plus aisée au salarié l’accession à la propriété, celle qui forme les populations les plus vigoureuses, et les plus propres à soutenir la patrie dans la guerre comme dans la paix : de l’aveu des savants compétents, M. Gaston Bonnier, M. E. Tisserand, cette industrie fondamentale peut être transformée, ses rendements énormément accrus, par le concours de la science... Eh ! bien, que font pour elle nos Universités ?

On me citera des initiatives individuelles de haut intérêt : la station de physiologie végétale de Fontainebleau créée par M. Gaston Bonnier en annexe de sa chaire de botanique à la Sorbonne ; quelques laboratoires œnologiques, pomologiques ou agronomiques aménagés par nos Facultés de province. Louons ces efforts précurseurs ; mais tout de même, nos universités situées dans des régions célèbres par leur fertilité devraient entreprendre une œuvre infiniment plus étendue !

Je sais, il existe en France un ensemble d’institutions de recherches agricoles (bien pauvre d’ailleurs par les moyens et l’action, si on le compare aux établissements analogues des Etats-Unis et d’Allemagne.) Malheureusement, — M. Georges Wéry, directeur de l’Institut national agronomique, le constate lui-même, — cette organisation manque de plus en plus d’un personnel qualifié : « La formation de jeunes chimistes agronomes, de jeunes biologistes épris de la science et de l’agriculture, instruits, rompus aux bonnes méthodes de travail, ardents à la recherche, ayant assez d’étoffe pour devenir des maîtres, voilà l’une des conditions indispensables à la vie de ces laboratoires, à leur développement. »

Plusieurs de nos universités régionales, nous l’avons constaté, ont créé des instituts de chimie ; quand donc l’une d’elles fondera-t-elle un institut de chimie agricole ? Des savants hautement qualifiés affirment qu’ils entrevoient des découvertes propres à révolutionner nos industries rurales et à leur donner une expansion sans égale !

C’est un exemple, entre maints autres, mais d’une manière générale la science, mise résolument par nos Universités (dont quelques-unes demeurent trop peu entreprenantes), au service