Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 55.djvu/273

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

École pratique de chimie Grenoble transforma en un Institut électro-technique (1901) le cours et le laboratoire d’électricité industrielle créés en 1892, sur l’initiative du professeur Paul Janet. A la veille de la guerre, l’Institut de Grenoble, enrichi de branches nouvelles et devenu véritablement un « Institut général de sciences appliquées, » ou « Institut polytechnique, » comptait quatre cent cinquante élèves ! Toulouse obtenait un succès pareil avec l’Institut de chimie (1906) de Paul Sabatier et son grand Institut électro-technique (1907). M. Haller fondait à Nancy (1900) un second Institut, également électrotechnique. L’université de Lille suivait cet exemple.

Ainsi quatre ou cinq de nos universités régionales peuvent se glorifier d’avoir donné à la France les jeunes ingénieurs-chimistes, physiciens et autres, qui, sous la direction de maîtres éminents, ont assuré la défensive et la contre-offensive industrielles et scientifiques de la France en 1915-1918.

Que de telles institutions, ajustées aux besoins profonds de nos provinces, demeurent actuellement, selon une expression officielle, de simples « émanations des Facultés des sciences » et qu’elles réclament un statut d’ensemble, définitif, c’est légitime. Autonomie plus grande, régime administratif simplifié, fixation du recrutement et des prérogatives du personnel enseignant, que l’on aimerait aller chercher jusque dans les cadres de l’industrie, représentation au conseil de l’Université, conditions d’admission des étudiants, consécration des études par la délivrance de diplômes d’État et non plus seulement d’Université ; nul n’y contredit plus. Un projet de loi déposé au Sénat par le gouvernement, le 24 janvier 1919, vise à y pourvoir. Il va consacrer et renforcer l’œuvre de nos Universités, sans la déformer.

Mais l’essentiel, c’est de développer, de multiplier l’intervention des talents universitaires dans le domaine des sciences appliquées. Jusqu’à cette heure, cette intervention n’a été tentée que par quelques Universités, dans des directions peu nombreuses. Nul doute que, pour répondre aux exigences de notre époque, ce mouvement vers l’organisation des recherches d’application pratique ne doive être généralisé, diversifié et intensifié.

Ainsi voilà une industrie nourricière de la France, l’industrie agricole, qui met en œuvre un capital de plus d’une centaine