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décidé en septembre, l’Etat a laissé les maîtres dans cet état de gêne matérielle et morale que dépeignait si fortement Bossuet : « Lorsque je me sens à l’étroit dans mon domestique, je perds la moitié de mon esprit ! » Aussi les meilleurs sujets refusaient-ils, ces dernières années, de s’engager dans cette carrière déshéritée. Plus d’un maître quittait sa chaire pour entrer dans l’industrie. Le recrutement de l’enseignement supérieur était menacé. Un abaissement de la haute culture pouvait se produire en France, au moment où, le prestige de nos idées étant grandi par la victoire, l’étranger nous demande nos professeurs, nos méthodes et nos directions intellectuelles. Ce danger est conjuré. L’Etat assure maintenant aux maîtres une condition matérielle décente. Qu’il leur demande un zèle nouveau ! Ils répondront à son appel. Il ne suffit pas que l’Université ait une avant-garde de savants illustres, et en arrière une armée de professeurs, satisfaits de divulguer la science faite. Le développement des sciences et de leurs applications exige des concours unanimes et résolus. D’après des témoignages irrécusables, la production scientifique de l’Université peut être considérablement accrue, pourvu qu’on l’organise.


II. — L’ORGANISATION DU TRAVAIL


DÉFAUTS ET INSUFFISANCE DE L’ORGANISATION DU TRAVAIL DANS L’UNIVERSITÉ

L’Etat Français, lorsqu’il est en veine de protéger la science, songe à lui offrir un palais. Mais la science est chose mouvante en incessant devenir, et ses besoins ne sont plus le lendemain ce qu’ils étaient la veille. Très vite un palais devient pour elle une prison. Est-il demeure plus architecturale que la Sorbonne ? Nos savants sont unanimes à vouloir s’en évader. Ils réclament de l’espace et de la lumière, de claires galeries extensibles, transformables et de « style usine. »

Songez que, depuis un quart de siècle, des sciences considérées comme fort avancées et proches de la perfection, ont été bouleversées, telles la chimie et la physique ; que d’autres sont nées et ont pris un développement inattendu. Comment, dans un monument définitif. moulé sur les pensées et les besoins d’une époque, aménager sans cesse de nouveaux ateliers ? Telle chaire nouvelle, à la Sorbonne, n’a pas de laboratoire, ni de