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compétents pour la nomination des professeurs et maitres de conférences (puisque c’est généralement parmi ces derniers que sont pris les professeurs). Ainsi l’avancement aurait chance d’être donné aux maitres qui ont une œuvre. Ils demandent que les classes les plus élevées du professorat soient attribuées seulement au choix, et que ce choix s’exerce au profit des chercheurs, après consultation des spécialistes. Enfin, ils souhaitent la création, au profit des maitres qui forment école, d’un casuel pris sur les frais de scolarité des étudiants... Je n’examinerai pas ces propositions, non plus que d’autres, de même ordre et de même portée « droit pour les professeurs de l’Université de faire breveter leurs inventions ; congé périodique avec traitement, pour faciliter l’accomplissement de voyages d’ordre scientifique à l’étranger ; majoration de retraite (emerita) aux maîtres dont l’œuvre a été exceptionnellement féconde) ; il me suffit de prouver que, sans disconvenir aux universitaires, sans leur enlever les prérogatives auxquelles ils tiennent, on peut aisément les orienter vers la recherche. Ils le demandent, et c’est à nos dirigeants de vouloir et d’agir.


DES VIEUX SAVANTS

Exclure des laboratoires les maitres de trente à cinquante ans, puis à cinquante ans leur donner des instruments de travail expérimental, sans les inciter à des recherches, dont la plupart sont déshabitués, c’est un système indéfendable : il trouve son couronnement dans les conditions actuelles de la mise à la retraite. Ecoutez plutôt ! L’Etat maintient les professeurs de l’enseignement supérieur en pleine activité jusqu’à soixante-dix ans, soixante-quinze même, s’ils sont membres de l’Institut. A ces vieillards, il demande un cours régulier, la direction d’étudiants, la présence aux jurys d’examens et de concours, la participation aux conseils de Facultés et d’Université, la rédaction de rapports, l’accomplissement en un mot d’obligations très diverses. Or l’enseignement seul exige une documentation générale sans cesse tenue à jour (par la lecture des périodiques, des mémoires français et étrangers), et un effort physique, quand il s’agit de s’imposer à un auditoire de jeunes gens : tâche évidemment excessive, une fois passé l’âge