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maîtres de conférences puissent trouver place ; mais n’oubliez pas que ces nouveaux travailleurs auront besoin d’auxiliaires (car il n’est plus de labeur scientifique sans main-d’œuvre), et de crédit, « les produits nécessaires aux expériences étant coûteux). Décidez que le crédit que vous accorderez aux jeunes maîtres de l’Université ne sera qu’annuel, prévoyez même sur l’emploi de ces fonds le contrôle du Conseil de l’Université. Mais, de grâce, agissez !

« Les crédits, suggère un jeune savant, pourraient n’être pas affectés nécessairement à la fonction d’agrégé, de maître de conférences, de chef de travaux, ou même de préparateur, mais seraient demandés par les titulaires de ces postes, chacun pour sa part, à une caisse du Ministère... »

Peu importe le moyen. Je ne cherche pas à servir ou à contrarier les intérêts d’aucune personnalité. Je cherche à provoquer l’emploi d’admirables énergies trop gaspillées et à faire élaborer une saine distribution du travail scientifique. J’ai sous les yeux une France terriblement appauvrie d’hommes jeunes et cultivés, qui doit assurer sa reconstitution intellectuelle, économique, sociale, et d’autre part un cadre de jeunes maîtres, peu nombreux, mais animés de la passion du mieux... auxquels on refuse des instruments de travail : mon devoir est de dénoncer le tort, que, par impéritie, on fait à notre pays.


LES PROFESSEURS : LES VICES DE LEUR PRÉSENT STATUT. — COMMENT LES INCITER À L’INVESTIGATION ET AUX DÉCOUVERTES SCIENTIFIQUES

Après avoir été exclus, de leur trentième à leur cinquantième année environ, du travail de laboratoire, les maîtres de conférences nommés professeurs reçoivent enfin un atelier, des crédits et des auxiliaires. Mais les voilà soumis à des conditions d’avancement à l’ancienneté, de rétribution médiocre, d’uniformité de carrière, de mise à la retraite tardive, propres à décourager de nouveau l’initiative et l’effort d’investigation.

Imaginez une industrie, une armée, où aucun des mobiles qui anime le cœur des hommes ne serait mis en jeu, où il n’existerait aucune récompense pour l’effort, le courage et les actions d’éclat, où l’intérêt ne serait pas sollicité, ni l’amour-propre, ni l’honneur, où il n’y aurait pas de péril à mal agir, pas de profit ni de gloire à bien faire : à quelle faillite ne