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le professeur ne doit pas se borner à des leçons orales faites à un auditoire bénévole et fugitif. Il doit former des élèves dans son laboratoire. Un des moyens efficaces de les y attirer est de faire des fonctions de préparateur la récompense du mérite, un acheminement vers une position meilleure, un moyen enfin de parvenir, et non plus un poste fixe propre à satisfaire l’ambition la plus modeste. Ces fonctions étant temporaires, on faciliterait ainsi l’étude, à peu de frais, à des jeunes gens capables et studieux, mais pauvres. On placerait de cette manière auprès des professeurs, des élèves dont ils feraient l’éducation scientifique. La science y gagnerait parce qu’on stimulerait ainsi le zèle du professeur en facilitant considérablement les moyens d’étude. » (Correspondance de Charles Gerhardt, publiée par Marc Tiffeneau).

Ces quelques lignes nous donnent la solution cherchée. Qu’il prépare ce qui est nécessaire pour les leçons de chimie, de physique, etc., et pour les travaux pratiques, ou qu’il seconde un professeur dans ses investigations, le préparateur est essentiellement un exécutant. Il doit être jeune et avoir l’ambition de ne pas s’éterniser dans cette fonction, mais de devenir lui-même celui qui conçoit et qui dirige. Des jeunes gens de mérite, appelés pour quelque trois années à ces postes, qui généralement laissent beaucoup de loisirs (et dans lesquels d’ailleurs ils pourraient être prolongés sous certaines conditions), seraient en mesure de poursuivre des travaux scientifiques. En tout cas, ils y acquerraient la pleine possession de la technique expérimentale et se trouveraient admirablement préparés à devenir des chercheurs, dans l’Université ou dans l’industrie. Il est malheureux qu’en dépit du sentiment unanime des professeurs, on ait rendu permanentes les fonctions de préparateurs ; on a constitué ainsi une caste distincte, presque fermée, comparable en quelque mesure à celles des maîtres répétiteurs dans l’enseignement secondaire et des anciens sous-officiers dans l’armée. Créer dans la maison de la science, vouée aux études nouvelles et aux recherches, un fonctionnarisme à demeure, médiocrement rétribué, sans liberté d’action, sans espoir sérieux d’avancement, c’est un non-sens. Il faut en revenir au mandat temporaire du préparateur, tel que Pasteur l’a établi dans son Institut, tel qu’il existe dans les Facultés de médecine pour les aides