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Je préfère à la quiétude des hauts administrateurs de l’Université ces sourdes angoisses et ces tentatives de nos maîtres, frémissants de la plus belle passion. Nul doute que, dans la France d’après-guerre, le besoin de lucre et de jouissance ne se heurte de plus en plus aux énergies des jeunes générations et à leur volonté de rendre la patrie aussi active que leurs aînés l’ont faite glorieuse. Encore faut-il que les directeurs intellectuels de cette saine jeunesse masculine et féminine lui mettent au cœur un premier goût des études scientifiques et lui montrent qu’elles sont l’instrument de la plus puissante action. Les vocations fécondes sont faites d’impondérables : influences opportunes, désir de communier avec son temps, de lui donner le bien auquel il aspire et d’en obtenir la célébrité.

Chaque génération assume une tâche. La jeunesse présente vient de sauver le monde sur les champs de bataille. Celle qui entre dans la carrière doit donner à notre haute culture un renouveau de lustre pour le relèvement et le rayonnement de la France appauvrie, à qui le monde demande des leçons. Il faut que les maîtres aident la jeunesse à discerner sa sublime mission.


COMMENT PROCURER DES POSTES D’ATTENTE AUX ÉTUDIANTS D’ÉLITE.
LES PRÉPARATEURS

Il convient que l’Université s’efforce d’orienter vers les sciences l’imagination des enfants, puis d’attirer par des honneurs et des titres les jeunes hommes les mieux pourvus d’aptitudes intellectuelles, et enfin de les retenir par des postes d’attente, rétribués... Mais précisément quelles fonctions l’Enseignement supérieur peut-il confier, à titre temporaire, à des travailleurs qui ne sont plus des étudiants, pas encore des techniciens ?

La réponse, les maîtres de nos sciences sont unanimes à la donner. Un grand chimiste Strasbourgeois, Charles Gerhardt, consulté, en 1846, sur les besoins d’une chaire de chimie qu’il occupait alors à la Faculté des sciences de Montpellier, exprimait divers désirs qui sont précisément ceux que nous confient les maîtres d’aujourd’hui. Notamment il réclamait un préparateur, en soulignant que celui-ci ne devait être nommé que pour un temps limité (trois ou quatre ans). « Pour être utile, disait-il,