Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 55.djvu/252

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au plus haut point de puissance les moyens de production « et de destruction). Ses grands industriels ont constitué une « association des bourses de Liebig, » pour subventionner les jeunes chimistes les plus méritants. Les grandes firmes d’Essen, de Francfort, de Cologne, de Ludwigshafen, de Berlin s’y inscrivent pour des souscriptions de 50 000, 100 000, 150 000 marks ! C’est que les fabricants d’outre-Rhin savent que la grandeur de l’industrie chimique dans un pays dépend essentiellement de l’intensité des recherches. Ils entendent assurer aux maîtres des collaborateurs d’élite, des techniciens de premier ordre, qui s’attacheront ultérieurement soit à la science pure, soit à l’industrie. A nous. Français, d’imiter cette initiative et de retenir les jeunes hommes dans les laboratoires par des bourses.

L’Institut de France en distribue quelques-unes. L’Etat et l’industrie donneront-ils à temps ce concours pécuniaire, sans lequel, au retour du front, nos jeunes hommes les plus distingués seront contraints de renoncer à la science ?

Nous pouvons encore encourager d’autre manière les travailleurs soucieux de s’assurer une formation scientifique complète. Décernons-leur des titres à la suite d’examens qui n’exigent pas des études trop diverses et trop longues. Le doctorat d’Université (distinct du doctorat ès sciences d’Etat), les diplômes des Instituts d’Université, semblent se prêter à ces modes de récompense. Certains maîtres trouvent cependant des avantages à la suppression du doctorat d’Université et à la transformation du doctorat d’Etat, qui serait rendu plus accessible. On instituerait alors, sous un nom nouveau, une épreuve d’érudition scientifique exigée des seuls candidats à l’enseignement supérieur... Que la réforme ait tel ou tel aspect, elle engagerait toujours nos jeunes gens à poursuivre une initiation propre à développer leur facultés d’expérimentation et d’invention et à leur procurer des titres prisés dans l’industrie.

Enfin l’Université doit être en mesure d’offrir aux jeunes gens vraiment doués, dans ses cadres auxiliaires, des fonctions temporaires qui leur permettent de s’essayer, sans souci d’ordre matériel, à la carrière des recherches. Mais là-dessus, plus loin, nous insisterons avec des détails.

La grande affaire, c’est de bien voirie but à atteindre.il ne s’agit pas de former des érudits. Nous avons besoin d’esprits capables de spontanéité et de décision, on veut des chercheurs,