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Ils n’auront que peu de contact avec la population française, puisque ce sont des régions dévastées. Je ne pense pas d’ailleurs que leur état d’esprit, en général, justifie vos inquiétudes. »

Je demande au ministre quelques précisions sur la réforme de l’Office des Affaires étrangères, qu’il a annoncée à l’Assemblée. Il me répond qu’elle n’est encore qu’à l’étude et qu’il est trop tôt pour en rien dire. Parlant ensuite de lui-même et de sa vie antérieure, il m’avoue simplement qu’il connaît peu l’étranger, n’ayant jamais été en Amérique, et n’ayant passé que huit jours en Angleterre et autant en France, à l’occasion de congrès socialistes. « Cela ne suffit pas, — ajoute-t-il, — pour se faire une idée d’un pays. J’ai cependant connu quelques-uns de vos hommes politiques : Albert Thomas, Longuet, Renaudel... »


UN LEADER CATHOLIQUE : M. PFEIFFER

On introduit de nouveaux visiteurs et je regagne les couloirs. Court entretien avec M. Pfeiffer, le nouveau secrétaire général du parti catholique. Ses premières paroles sont pour justifier l’accord conclu par le Centre avec la Social-Démocratie.

« C’était, — dit-il, — pour le Centre une nécessité, s’il voulait avoir part au gouvernement : et il fallait qu’il y eût part. Nous avons pris dans le ministère les portefeuilles les plus ingrats : Finances, Travaux publics. Ravitaillement.

« L’union des deux partis n’empêche pas que chacun ne garde ses idées et son programme. Et elle nous a permis, à nous catholiques, d’obtenir ou de conserver de précieux avantages : liberté de l’enseignement, reconnaissance des droits de l’Eglise ; liberté d’association étendue à tous les ordres religieux. Le dernier vestige des lois de mai, le fameux paragraphe qui interdisait aux jésuites de mener en Allemagne la vie de communauté, a été aboli par le nouveau gouvernement, alors que, sous l’ancien, nos efforts de cinquante années n’en avaient pas obtenu la suppression. Nos associations cultuelles sont désormais érigées en personnes morales, et peuvent être l’objet de libéralités, legs, fondations, non seulement de la part des individus, mais encore de la part des collectivités, des syndicats, des organisations industrielles ; c’est grâce à une fondation de ce genre que sera construite la nouvelle église catholique de Düsseldorf.