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le caractère religieux qu’elle avait eu jusqu’à présent.

« En ce qui concerne la propriété foncière et l’impôt sur le capital, le Centre devra sans doute régler son attitude sur les aspirations et les intérêts de sa clientèle paysanne. Mais à côté des campagnes, il y a les villes ; à l’intérêt des paysans s’oppose celui des petits bourgeois, commerçants, employés, qui forment aussi un élément important du parti catholique : d’où l’embarras qu’éprouvent les députés du Centre à prendre position pour ou contre la politique fiscale du gouvernement.

« Le projet actuel subira certainement des modifications profondes. Mais le principe dont il est inspiré subsistera. Tous ceux qui possèdent devront céder à l’Etat, pour un temps plus ou moins long, une quote-part importante de leurs richesses. Les conditions de la paix acceptée par l’Allemagne rendent cette opération nécessaire. Ces conditions sont très dures. Permettez-moi d’ajouter que les Alliés seront amenés à en réviser quelques-unes et à réduire quelques-unes de leurs exigences, sous peine de n’en voir satisfaire aucune. Ici encore, la limite est tracée par la nécessité de ne point tarir les sources de production dans un pays à qui l’on devra laisser, si l’on veut qu’il paye ce qu’il doit, du temps, des moyens de travail et de l’argent. »


LES IDÉES DE M. HEINZE

Je prends congé du comte Posadowski pour aller rejoindre M. Heinze, ancien ministre de la justice en Saxe, et député à l’Assemblée, où il siège sur les bancs des conservateurs modérés. Le parti de M Heinze (Deustsche Volkspartei) réunit à l’aile gauche de l’ancien parti conservateur l’aile droite de l’ancien parti national-libéral. L’ex-ministre du roi de Saxe a tenu jusqu’à présent pour l’indépendance des Etats et pour le maintien de leurs privilèges souverains. Je suis curieux de savoir ce qu’il pense de la politique de centralisation que le gouvernement du Reich poursuit avec tant d’ardeur.

« Mon sentiment est resté le même, — me déclare M. Heinze, — et je continue de croire que le système fédératif est celui qui répond le mieux au caractère et aux aspirations de l’Allemagne, comme à la diversité des peuples qui la composent. Mais que faire ? nous sommes désormais trop pauvres pour nous offrir le luxe d’entretenir vingt-six administrations