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où il se trouve. Toute la question est de savoir dans quelle mesure il peut mettre à contribution ceux qui possèdent sans porter à l’économie générale du pays une atteinte irréparable. Laissons de côté, si vous le voulez bien, l’impôt progressif sur le revenu, et ne parlons que de l’« impôt de sacrifice » sur le capital (Reichsnotopfer). Cet impôt, tel qu’il est prévu, pèsera beaucoup plus lourdement sur les propriétaires fonciers que sur les détenteurs de valeurs mobilières. Le capital mobilier échappe aisément au contrôle fiscal : il se dissimule, ou cherche un refuge à l’étranger. La terre s’étale au grand soleil. M. Erzberger propose que le paiement de l’impôt qui frappera la propriété foncière soit échelonné sur une période de trente années, et gagé, durant cette période, par l’attribution à l’Etat d’une hypothèque privilégiée sur l’ensemble du fonds. Le principal inconvénient de ce système est de diminuer la valeur du gage possédé par les autres créanciers hypothécaires, et d’entraver complètement une circulation fort en usage dans notre pays : celle des Handfesten ou bons fonciers « cédules hypothécaires), qui sont donnés et reçus en paiement à peu près au même titre que les billets de banque. Nous ferons certainement opposition à un projet, dont l’exécution ruinerait les régions agricoles de l’Allemagne et bouleverserait l’économie du pays tout entier.,

— « Le centre catholique, sur ce terrain, marchera-t-il d’accord avec les conservateurs ?

— « Le Centre, me répond en souriant le comte Posadowski, — ne fut jamais ennemi d’un sage opportunisme, et demeure fidèle à sa vieille tradition. Il est socialiste contre les conservateurs intransigeants, s’il en reste encore, et conservateur contre les socialistes extrêmes. Vous avez vu qu’en dépit de l’accord qui les lie aux social-démocrates, les catholiques ont fait bloc avec nous dans toutes les questions relatives à l’Eglise et à l’Ecole. On pourrait en conclure que, si la question religieuse n’a rien perdu chez nous de son importance, la question confessionnelle, au contraire, est devenue beaucoup moins aiguë qu’elle n’était autrefois. Nos socialistes réclamaient la séparation absolue des Eglises et de l’Etat, comme l’avait voulue et réalisée en France M. Combes. Catholiques et protestants ont défendu d’un commun accord les droits de l’Eglise et maintenu pratiquement à notre éducation nationale