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à des symptômes manifestes, on reconnaît déjà que sa popularité renait. Qu’on lise le récit de sa réception, le 12 novembre dernier, par la population de Berlin, et l’on sera édifié sur l’influence que cet homme est encore capable d’exercer. Le temps n’est pas loin où, comme à Kreuznach, le peuple se pressera sur son chemin pour lui offrir les fleurs de ses parterres et l’encens de ses acclamations. Qu’on médite sur l’incident du 13 novembre au cours duquel Hindenburg, appelé a comparaître devant la Commission d’enquête du Reichstag, ne put accéder au palais parlementaire, empêché qu’il en fut par une foule enthousiaste et décidée, tant est grand son attachement pour le régime déchu, à substituer sa volonté à celle du gouvernement établi.

Ces manifestations, Ludendorff en prend sûrement acte ; elles le confirment dans sa foi. Ce « hasardeur, » — comme on l’a dénommé, — sait fort bien que, pour un quart de siècle au moins, l’Europe sera secouée par les frissons de la « fièvre danubienne. » Il ne se pressera pas ; il guettera l’occasion et, au besoin, il la fera naître, car il est bon organisateur.

Ludendorff est homme à jouer encore un rôle. Il a, malgré lui, quitté la scène, — qu’il aime, quoi qu’il en dise, — mais il est resté dans la coulisse, attendant l’heure de sa rentrée. Nous entendrons un jour parler de lui.


Général BUAT.