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été prises en excessive considération au cours de ces premiers débats, et, après quatorze mois, l’œuvre solennelle n’a pu encore entrer en application.

Il est de toute évidence que les grandes améliorations qu’elle aura à supporter la rapprocheront des principes reconnus et de la considération de la volonté des peuples, et laisseront s’atténuer, en revanche, la considération des personnes. Avec une telle règle de conduite, on se retrouvera dans le vrai et le reste se produira par surcroit. Sur ces nouvelles bases, le traité pourrait, sans doute, être bientôt ratifié et exécuté.

Au dedans, la France a supporté tout ce qu’un peuple peut supporter d’une guerre atroce et sans merci. Eh bien ! ici aussi, il faut réparer.

L’Allemagne doit réparer. Tous les retards et les atermoiements sont épuisés (quatorze mois !) Maintenant, nous avons droit à des versements et à des apports réguliers, à date fixe, sans faux semblant, ni ambiguïté. Une solution brutale et immédiate est en perspective. Que la Chambre en délibère et se prononce nettement, si cela traîne de nouveau. On verra bien, par un tel vote, quelle est la volonté de la France ! Nos ennemis se sont habitués à l’idée que nous ne savons plus vouloir. Qu’ils prennent garde de se retrouver, soudain, en face d’une volonté debout et décidée, comme à la Marne.

Donc, l’Allemagne doit payer.

Quant à la France, elle sait qu’elle doit payer pour ce qui est des charges qui lui incombent.

Elle est prête. C’est un point que tant de malins qui en savent si long sur les affaires publiques, paraissent ignorer également. Que le pays soit mis en présence de son devoir fiscal, pourvu qu’il s’agisse de satisfaire aux nécessités urgentes de la vie française, et non de tomber aux mains des accapareurs, escompteurs, et autres spéculateurs sur le change, — il l’accomplira. Il le veut, et il le peut. Je ne veux rien dire de plus mainte- nant, sur un sujet, d’ailleurs inépuisable ; je crois avoir établi que la France en émettant, le 16 novembre dernier, un vote de discipline, d’ordre et de foi, s’est montré digne d’elle-même. Il appartient à la Chambre, sortie de ce scrutin, de se montrer digne de la France.


G. HANOTAUX.