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des lois, le principe de toute loi, c’est-à-dire le Droit, venir prendre séance lui-même et prouver, par sa seule présence, sa force immortelle.

L’Alsace et la Lorraine se jetant dans les bras de la France, et, après un demi-siècle de captivité et de martyre, retrouvant leur mère, ont donné à cette séance ce quelque chose de « sacré » qui planera jusqu’à la dernière heure sur les travaux de l’assemblée. Tel sera le caractère de la nouvelle Chambre : elle sera la Chambre de la Réparation. Ce mot dit tout.

De cette séance, je veux retenir seulement une phrase de la déclaration de M. François et une phrase de la déclaration de M. Clemenceau :

M. François a dit : « L’Alsace et la Lorraine reprennent la garde le long de la frontière du Rhin.... » Cela veut dire que ces vaillantes populations n’ignorant plus, maintenant, ce que c’est que d’être exposé, en première ligne, à la fureur d’un tel ennemi et d’un tel envahisseur, reprennent cependant leur poste et se dévouent, corps et bien, comme elles doivent le faire, pour la défense de la mère-patrie. Rien de plus grand, dans une plus parfaite simplicité... Mais, quels engagements ! Et quels engagements réciproques ne nous imposent-ils pas ?

M. Clemenceau a dit : « Le droit reconquis ne serait que « théâtre, » s’il n’en surgissait, pour l’accomplissement des tâches nouvelles, un important cortège DE NOUVEAUX DEVOIRS. »

Les nouveaux devoirs reliant l’accomplissement du passé à la grandeur de l’avenir, voici, précisément, ce qui incombe à la future Chambre. C’est là son mandat particulier. Elle sera grande et noble à jamais si elle l’accomplit.

Il lui appartient donc, dans cette période de recueillement qui précède sa véritable réunion, de réfléchir à cette double tâche, au dehors et au dedans.

Au dehors, la Chambre est en présence du traité de paix, couronnement de la guerre et de la victoire. Un homme d’État est venu d’Amérique qui, entouré de la gratitude universelle, a puisé dans sa bonne foi les inspirations qui lui faisaient entreprendre de fonder un nouvel ordre européen. Cette foi agissante s’est imposée autour de lui. Les hommes d’État alliés, par déférence pour cette mission quasi providentielle, ont laissé porter atteinte à certains principes avérés de ce même ordre européen. En fait, les considérations de personne avaient