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de Washington. La restauration des pays dévastés en France et en Belgique est un cas spécial. Il convient d’appliquer ce système à tous les cas urgents et de s’adresser aux travailleurs organisés pour que le travail soit à pied d’œuvre et pour que des secours étrangers soient appelés sans retard là où il est démontré qu’il s’agit d’une nécessité vitale.

Nous avons dans nos colonies, il y a en Italie, en Espagne, une main-d’œuvre que de sages enrôlements pourraient encore attirer sur notre territoire. Si l’on confiait à un grand chef désoccupé la mission de nous rendre de tels services en s’occupant de nos colonies d’Afrique, je ne doute pas qu’un bon système d’enrôlement avec solde avantageuse ne réussit rapidement. Il faut des hommes, il faut des bras ; cela prime tout. Sans travail, pas de charbon, pas de blé, pas de transport, pas de vie publique. C’est la dégringolade du change. Or, la France n’en est pas là. Une mauvaise organisation, un système de laisser-faire et laisser-passer, une négligence qui s’est répandue des plus petits aux plus grands est aussi la cause du mal.

De parti pris, on a écarté les autorités locales et les véritables compétences. Le jeu des vieux partis et des modernes jouisseurs s’est emparé de ce domaine où la pêche en eau trouble se trouvait enhardie par de véritables complicités morales. J’en ai gros sur le cœur en pensant à ce qu’ont souffert depuis quinze ans nos pays dévastés, et je tremble en pensant à ce qu’ils souffriront demain.

Paris, ni la politique, ni le parlement, ni l’éloquence, ni les belles carrières, ni les harangues enflammées, ni la victoire elle-même ne sont tout. Une nation comme la nation française, après les grands services qu’elle a rendus au monde, réclame autre chose.

Mais, encore une fois, tout ceci relève de l’action gouvernementale ; c’est du travail au jour le jour.

Un bon gouvernement, secondé par un bon Parlement, abordera avec franchise et avec décision ces problèmes « sériés » selon leur urgence. L’esprit de parti, nous l’espérons, ne comptera que peu dans, leur solution. Tout le monde aura en vue uniquement LA FRANCE...

La séance d’ouverture de la nouvelle Chambre n’a nul précédent dans l’histoire. Jamais on n’avait vu, devant l’appareil