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a pris sa retraite avec son grade d’avant la guerre et avec une pension de retraite de 6 000 francs. L’Angleterre lui eût attribué une dotation considérable et un titre qui eût attiré vers lui le respect du monde entier. J’ai entendu, au sujet du sort des officiers, sous-officiers et soldats revenus de l’armée, des doléances à faire pleurer. La plupart se taisent ; le plus grand nombre a repris le travail ; quelques-uns se sont inscrits dans les groupes de combattants. On a rendu à ces braves gens leur casque. Que ce ne soit pas le casque de Bélisaire !

Pour l’organisation de l’armée future, des projets divers sont à l’étude. Les compétences ne manqueront pas à la Chambre pour les étudier et les mettre au point selon les nécessités d’aujourd’hui et de demain. L’Allemagne n’a pas désarmé. Elle est en train d’organiser un système de milices formidables. Il est à craindre qu’un jour ou l’autre la force française ne soit obligée de lui barrer la route. De bons alliés ne suffisent pas ; il faut une bonne organisation, un armement au complet et une discipline toujours soutenue et toujours forte. Je dirai que la future organisation militaire sera la pierre de touche de la future Chambre.

Dans cet examen rapide, qui ne peut que modérer les exigences à l’égard du futur parlement et du futur gouvernement en exposant la grandeur de leurs tâches, je n’ai pas dit un mot des questions les plus brûlantes, celles qui doivent attirer, sans perdre une seconde, l’attention des Chambres et du public : ce sont celles qui relèvent non point tant de l’action législative que de l’action gouvernementale proprement dite : la vie chère, la crise du charbon, la baisse du change, l’organisation des transports, la répression de la spéculation, des fraudes, des vols avec effraction, parfois à main armée, enfin toutes misères qui suivent, d’ordinaire, les grandes guerres et qui s’accroissent en raison des moyens d’action que la société moderne remet même à ses agresseurs. Grâce à Dieu, nous n’en sommes ni aux routiers ni aux chauffeurs, ni aux soviets. Mais la volonté du pays est de rendre à l’ordre social sa sécurité et sa stabilité.

Au fond, tous ces problèmes se résument en un seul : celui de la main-d’œuvre. L’accord avec le travail manuel est de toutes les solutions la plus désirable et elle sera la plus efficace. Mais, en attendant, il faut vivre.

J’entre ici pleinement dans les vues de la Commission internationale