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qui ont été l’objet d’âpres discussions, en particulier, au sujet des industries saisonnières, il convient de tenir compte de ces accords où l’influence de M. Gompers se fait visiblement sentir. Je ne change rien au point de vue que j’avais développé à ce sujet dans mon livre La Démocratie et le Travail : remettre le travail manuel en honneur et lui donner les sages satisfactions qui l’écarteront, une fois pour toutes, des doctrines anarchistes et révolutionnaires.

M. Millerand, dans son programme politique, a tracé une ligne de conduite que ses électeurs ont approuvée par leurs votes :

« L’existence de la nation ne peut risquer d’être chaque jour entravée ou compromise par l’arrêt soudain de services qui lui sont indispensables. L’arbitrage, nécessaire pour empêcher la guerre, ne l’est pas moins pour prévenir la grève.

La vie de notre pays dépend de sa capacité productive qui est, elle-même, fonction de l’entente entre les collaborateurs de la production.

Les lois sociales tiendront la première place dans le souci du législateur républicain. Associer l’employé à l’employeur dans l’organisation du travail, c’est servir l’intérêt de l’un et de l’autre, en même temps que de la paix sociale. »

La nouvelle Chambre, où les compétences sont en grand nombre, profitera des circonstances qui lui permettront de régler ces difficiles problèmes sans se trouver opprimée par l’intrigue des partis, par la violence de la rue, ou par les exigences hautaines des meneurs.


J’aborde, en finissant, un débat qui occupera sans doute de longues heures de travail et de réflexion dans la prochaine législature, la question de l’armée. Je la dédouble immédiatement : il y a l’armée d’hier et l’armée de demain. A l’armée d’hier, la France et le monde doivent une large reconnaissance. Avec elle, il ne s’agit pas de lésiner. Je n’apprendrai rien à personne en disant que le chiffre des indemnités et des pensions est, le plus souvent, dérisoire. Si je ne rougissais pas de le faire, je citerais ici le nom d’un des plus glorieux chefs de nos armées, un homme qui a exercé toujours et partout le commandement le plus impeccable, qui n’a pas connu un revers, qui fut toujours vainqueur même aux heures suprêmes, et qui