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catholique, c’est-à-dire des évêques et de la Papauté. Nous discutons donc sur des pointes d’aiguille, puisque le Conseil d’Etat, par sa jurisprudence et en s’appuyant sur le texte de la loi, nous apporte une solution qui ne laisse subsister aucun dissentiment grave avec le point de vue romain. Le pape Benoit XV est un esprit conciliant et modéré ; son gouvernement n’a nul caractère offensif ; la grande majorité des évêques français a eu une attitude des plus loyales à l’égard du gouvernement de la République dans les dernières élections. La Chambre, dans son désir de paix et d’union, se montrera-t-elle plus intransigeante que la loi votée par les Chambres antérieures et appliquée par le Conseil d’État ?


La volonté très nette de la nouvelle majorité est d’aborder également les questions sociales dans un grand esprit de conciliation et d’apaisement. On comprend qu’une production intense est nécessaire à la restauration du pays, mais l’on comprend aussi que le travail a été surmené notamment depuis quelques années et qu’il faut le rémunérer largement. Une communion intime entre le travail et le capital doit être le but atteint dès la prochaine législature. Les dossiers sont prêts, ils ont été soigneusement constitués ; ils représentent une dose de travail immense. Le temps est venu d’aboutir. Il me semble que si patrons et ouvriers se penchaient simultanément sur ces dossiers, ils dissiperaient bien des malentendus.

A la conférence internationale du travail qui s’est réunie à Washington, l’accord s’est fait sur les données suivantes : adoption du principe de la journée de huit heures et de la semaine de quarante-huit heures, avec la réserve que, dans le cas où l’on ne travaille pas huit heures certains jours de la semaine, les heures où l’on n’a pas travaillé pourront être réparties sur d’autres jours ; mais aucune journée ne devra excéder neuf heures et dans les travaux continus la limite ne pourra pas excéder cinquante-six heures par semaine. Toutes les heures supplémentaires ne seront pas payées moins d’un quart en plus. La main-d’œuvre employée dans les régions dévastées de la France et de la Belgique sera considérée comme un cas spécial.

Il me semble qu’il y a là une base de discussion pour nos réglementations économiques. Sans insister sur les dérogations