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pensent à la France, serait largement accrue, et peut-être doublée, si l’on ne laissait pas une telle négligence fiscale s’invétérer dans nos mœurs.

La France paiera ce qu’on lui demandera si on sait le faire avec sagesse, fermeté et douceur. Et alors quelle confiance elle inspirerait soudain à l’univers ! La baisse du change tient en grande partie à la veulerie dans le travail administratif. J’ai entendu un paysan tenir ce propos que je répète aussi bravement qu’il a été dit : « Pourquoi ne nous fait-on pas payer ? Nous avons gagné de l’argent et nous saurons prendre notre part des charges publiques. » Et l’ouvrier est-il si démuni de bon sens ? N’est-il pas patriote ? Se laisserait-il conduire par quelques meneurs ? Tout cela est affaire de mesure, d’équilibre et de sang-froid. On disait jadis : « Ni emprunt, ni impôt. » Et depuis quatorze mois l’on s’est incrusté dans des formules de cette sorte. Il est temps d’en sortir. Sinon, la France compromet sa fortune, et, ce qui est plus grave encore, son crédit.

On affecte de dire dans certains groupes que la question de nos relations avec la Papauté ne sera pas posée. Voilà une singulière dérobade, et ce serait un bien dangereux accroc au programme de l’union sacrée. Pour des raisons qui ont été répétées cent fois et sur lesquelles je ne reviendrai pas, des républicains éminents se sont prononcés pour le rétablissement des relations diplomatiques avec le Vatican. Ce serait un grand apaisement pour les catholiques et pour le pays lui-même. Il y a des problèmes trop pressants posés dans le monde auxquels les hiérarchies religieuses sont directement intéressées, ne serait-ce que la résurrection de la Pologne, le régime de l’Alsace et le maintien de notre protectorat catholique en Orient et en Extrême Orient, pour que nous hésitions à faire un sacrifice d’amour-propre et d’argent, bien minime en face des résultats à obtenir.

Je vais plus loin. Les circonstances me paraissent favorables à un bon règlement de la question des cultuelles, — ce qui serait, au fond, tout le règlement du conflit qui s’est élevé entre le gouvernement de la République et l’Eglise catholique à la suite du vote de la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

Un seul mot à ce sujet : la jurisprudence du Conseil d’État reconnaît catégoriquement que les cultuelles ne peuvent exister que si elles sont conformes à l’approbation de la hiérarchie