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avec la 4e armée française le long du massif de l’Argonne (par les défilés de Grandpré, de la Croix-aux-Bois et des Quatre-Champs). Les armées du groupe Maistre (4e et 5e armées) ont pour mission de rejeter l’ennemi sur la rive droite de l’Aisne et de chercher à établir, du même coup, des têtes de pont offensives sur cette rive. Si l’ennemi faisait tête sur le front Aisne, ce groupe manœuvrerait ce front par ses deux ailes : l’aile droite (Gouraud), se liant aux Américains, opérerait par l’Est de Vouziers et d’Attigny en direction de Le Chesne et Poix-Terron ; l’aile gauche (Guillaumat) déborderait l’Aisne suivant l’axe général Amifontaine, Nizy-le-Comte, Chaumont-Porcien, en liaison à sa gauche avec la 10e armée.

En peu d’ordres on voit à ce point se traduire la belle ordonnance du cerveau d’un Pétain.

De cette bataille, cependant, le grand chef français ne mènera personnellement que la partie gauche, la plus considérable à la vérité. Le 13, le général John Pershing sollicitera et, le 16, obtiendra sa complète autonomie. Les deux armées américaines tout en restant, bien entendu, intimement liées aux armées françaises, vont manœuvrer sous l’unique commandement du général en chef américain, passé sous les ordres directs de Foch.

Ainsi, chacun a son rôle et sa mission. Jamais bataille n’a été si bien préparée. Rien n’y est laissé au hasard. Le « plan incliné » où l’auteur des Principes de la guerre voit déjà pour un avenir prochain « glisser » ses armées, est dressé de main de maître — le Maréchal, toujours prêt à faire la part de ses grands lieutenants dirait : de mains de maîtres.

A peine la directive du 10 est-elle lancée, que tout se prépare pour que celle du 18 jaillisse de la situation encore améliorée.


LA REPRISE D’OFFENSIVE DANS LES FLANDRES
14-20 OCTOBRE

Le 13, le général Degoutte adressait à l’armée des Flandres une proclamation où il l’appelait de nouveau à l’assaut : « Après tant d’héroïsme déjà déployé par vous, la France vous demande un nouvel effort ; » et, suivant l’esprit de Foch qui, on se le rappelle, n’aime point qu’on soit « mystérieux » avec ses subordonnés, il expliquait carrément à ses troupes ce dont « il s’agissait. » On allait à Bruges, à Gand, et pour que le