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de Cambrai au Nord de la Fère, était déjà distante de 15 à 20 kilomètres de la célèbre position naguère conquise.

Le 5, on se le rappelle, Haig avait déclaré qu’un « coup vigoureux » allait être donné, nécessaire pour que fût exploitée et complétée la splendide victoire de la semaine précédente. Les 3e et 4e armées britanniques avaient attaqué le 8 octobre, entre Cambrai et Saint-Quentin, en direction générale Busigny-Bohain et le Grand Verly-Ribemont, appuyées à droite par la 1re armée française. L’avance avait été, dès les premières heures, importante.

Les troupes britanniques, attaquant entre le Sud de Cambrai et Sequehart, appuyées de gros tanks, pénétrèrent profondément dans les positions ennemies sur une profondeur de 5 kilomètres et, franchissant rapidement les lignes de tranchées à peine achevées par l’ennemi, « atteignirent, écrit Haig, le terrain découvert. » La résistance, très violente au début de l’action, s’affaiblit bientôt sensiblement. Brancourt et Brimont étaient pris par une division américaine, tandis que Serain était enlevé, Villers-Outréaux nettoyé, Malincourt emporté. Les Néo-Zélandais traversaient Lesdins, prenaient Esnes, tandis qu’à gauche de cette attaque, nos Alliés emportaient Seranvillers, Forenville et Niergnies « après une lutte très chaude au cours de laquelle l’ennemi contre-attaqua avec des tanks. »

« Comme conséquence de cette attaque, écrit Sir Douglas Haig, l’ennemi cessa temporairement de résister. Son infanterie se débanda et se retira sans arrêt vers l’Est, tandis que nos aviateurs rendaient compte que les routes convergeant vers le Cateau étaient bloquées par les entassements de troupes et de convois. Plusieurs milliers de prisonniers et de nombreux canons tombèrent entre nos mains. Pendant la nuit suivante, la corps canadien prit Ramillies et traversa l’Escaut à Pont-d’Aire ; des patrouilles canadiennes entrèrent dans Cambrai par le Nord et donnèrent la main à des patrouilles de la 57e division qui s’étaient infiltrées dans la partie Sud de la ville. »

Appuyant l’attaque, Debeney avait lancé son armée sur le plateau de Fontaine-Uterte, dernier débris de la ligne Hindenburg. Nos troupes avaient atteint Essigny-le-Petit et la route de Fontaine-Uterte ; un instant arrêtées, à la fin de la journée, par une vive résistance, elles avaient aussitôt manœuvré, suivant l’esprit de leur chef, pour encercler la ferme