Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/393

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

préfecture de Police faisait fonctions de trésorier, le drapeau de la Garde était déposé à la préfecture de Police.


Boutreux, Caamano et le général Desnoyers, arrêtés comme prévenus d’avoir favorisé le complot du 23 octobre, n’avaient pu être mis en jugement avec les autres accusés : Desnoyers et Caamano, parce que, lorsque les pièces les concernant avaient été déposées au greffe de la commission militaire, le rapporteur avait terminé l’examen de la procédure, que la Commission était convoquée et qu’on voulait aller vite ; Boutreux, parce qu’il n’était arrivé à Paris que le jour même où la Commission s’était assemblée.

L’Empereur avait prononcé le 21 décembre en Conseil privé sur le sort du général Desnoyers, mais restait à statuer sur le cas de Boutreux et de Caamano. L’instruction avait été suivie à leur égard avec bien plus de soin et de détail qu’à l’égard des autres accusés. Boutreux avait subi le 31 octobre un interrogatoire à la suite duquel il avait été confronté au docteur Dubuisson, à la domestique de la maison de santé, à la femme Henry, « faisant l’ordinaire du Sr Caamano. » Le 6 novembre, sur sa demande, il avait été interrogé de nouveau ; le 14, il avait été confronté à Caamano ; il avait avoué avoir fait des copies des pièces qui avaient servi de base à l’attentat. Son affaire était donc en état. « Les aveux de Boutreux et les pièces recueillies, dit Clarke dans un rapport en date du 28 décembre, établissent qu’il a été un des principaux agents du complot, et qu’il a copié une partie des pièces. »

Quant à Caamano qui multipliait, depuis son arrestation, ses instances près des prêtres qu’il connaissait plus ou moins, comme l’abbé de Mondot, aumônier de l’impératrice Joséphine et vicaire général de l’archevêque de Tours, il avait été interrogé à diverses reprises, et il avait reconnu le matériel des faits qui s’étaient produits dans les chambres qu’il occupait au cul-de-sac Saint-Pierre. Seulement il n’avait appris « ce que méditaient les conspirateurs que dans la nuit du 22 au 23 octobre. Quoique Caamano, disait Clarke, n’ait pas pris une part aussi active que Boutreux, il en a eu connaissance ; c’est chez lui que se sont réunis les conspirateurs, ils y ont préparé en sa présence leurs moyens d’exécution, » et le duc de Feltre insistait pour que « des actes aussi coupables ne restassent pas impunis. »