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arrêter Jacquemont et les comparses de la conspiration de 1808 ? L’idéologie, c’est Garat, c’est Destutt de Tracy, c’est Jacquemont, ce sont les convives des dîners du Tridi, et peut-être aussi Frochot quelque peu suspect. Il faudra du temps, il faudra surtout la contradiction des fails, pour qu’il arrive à la vérité.

Le jour où il a reçu les grands corps de l’Etat, l’Empereur ordonne pour le lendemain la tenue d’un Conseil privé où devra être examiné tout ce qui est relatif aux individus compris dans l’affaire du 23 octobre, au complot de 1808, à la conspiration de Lafon, tous les rapports et les documents au complet. « L’Empereur ayant demandé les pièces de son Quartier Général de Russie, pense qu’elles doivent être prêles. » Sans doute a-t-il demandé qu’on les lui tint prêtes, mais le courrier a été enlevé. L’Empereur demande encore au ministre de la Police un rapport sur la conduite du comte Frochot auquel sera jointe la lettre justificative de ce magistrat. Il n’a pourtant aucunement l’idée de prendre une décision ab irato dans le Conseil du 21. On y lut seulement deux lettres de M. Frochot, une du sieur (Renoull) inspecteur général des prisons, différents interrogatoires subis par le condamné Soulier, une lettre de Malet à Soulier.

« Sa Majesté a ordonné que toutes ces pièces seraient imprimées et distribuées aux présidents des sections du Conseil d’Etat, afin que chaque section put, dans la journée du 22, donner son avis sur la conduite de M. le comte Frochot. » [1] Ainsi Frochot sera-t-il jugé par ses pairs, sur pièces authentiques et, loin que l’Empereur prenne la décision de son chef, comme l’ont dit certains publicistes, ce ne sera qu’après les plus mûres délibérations de tous les membres du Conseil d’Etat.

  1. Le recueil des Pièces et déclarations relatives à l’affaire de M. le comte Frochot, préfet île la Seine, dans la considération de Malet, comprend :
    I. — Déclaration de Frochot du 23 octobre.
    II. — Interrogatoire de Soulier du 23 octobre, des 25 et 26 octobre.
    III. — Note sur la journée du 23 octobre, en ce qui concerne M. Saulnier, secrétaire général du ministère de la Police générale, et M. Cluis, secrétaire particulier de M. le duc de Rovigo.
    IV. — Copie du rapport de l’inspecteur-médecin des prisons de Paris.
    V. — Déclaration de M. Bouhin, chef de division à la préfecture de la Seine.
    VI. — Copie de la lettre de Malet au com mandant Soulier.
    VII. — Copie de la lettre du préfet de la Seine au ministre de la Police générale en date du 30 octobre.
    VIII, IX, X, XI, XII. — Délibérations des sections de Législation, de l’Intérieur, des Requêtes, de la Marine et de la Guerre.