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dans une maison de santé ; enfin, tout ce qui est relatif à cette affaire-ci : d’abord le rapport du ministre de la Police, puis ceux de Hulin, de Pasquier, de Doucet, de Laborde, de Deriot, enfin les interrogatoires et les pièces du procès : « Cela est de la plus haute importance, dit l’Empereur. Cette affaire n’est rien, mais ce n’est qu’en imprimant tout, en ne déguisant aucune circonstance, que le public sera convaincu que ce n’est rien. On mettra ensuite une note de ce qui est relatif à Lahorie, à Lafon, à Alex. Noailles, et au complot de prêtraille qui eut lieu dans le temps et au général Desnoyers, qui fasse connaître ce qu’ils sont. On intitulera cet ouvrage : Divers complots traînes par divers individus. »

Peut-être Napoléon ne voit-il pas les proportions que prendra un tel ouvrage, si l’on recherche avec sincérité quels liens unissent depuis 1800, pour ne pas remonter plus haut, Puyvert, Wiliot et la conspiration du Sud-Ouest, à l’affaire de la Machine infernale, aux complots de l’Ouest, à Georges et aux Polignac, ceux-ci à Alexis de Noailles et à Lafon, Lafon à Malet et à l’affaire de 1812. Fouché lui eût dit que c’était bien moins à gauche qu’à droite qu’il fallait chercher les conspirateurs. Mais Fouché est en disgrâce, et il ne peut plus, comme lors de la Machine infernale, arriver avec les preuves décisives. L’Empereur écrit bien à l’archi-chancelier : « Je ne prends aucun décret, j’attends les pièces de la procédure ; je ne prononcerai que quand je connaîtrai l’affaire à fond. » Mais il dit aussi : « J’ai écrit au ministre de la Police d’arrêter tous les brigands subalternes civils qui ont déjà été compromis dans ce complot il y a quatre ans, et je crois les avoir relâchés depuis par une indulgence mal entendue. Vous ne devez pas manquer de faire connaître aux comtes Tracy et Garat que leur nomination à ce gouvernement provisoire ne dit certainement rien contre eux, mais que ce n’est pas un titre d’honneur, qu’il faut qu’ils aient paru indisposés contre le gouvernement, et qu’ils se soient permis des propos équivoques pour que ces misérables aient cru pouvoir compter sur eux. » Il revient encore là, sur la nécessité que toutes les pièces soient imprimées et publiées. A l’égard de Savary qui a plaidé pour Lamotte et pour Rabbe, et qui, sans doute, a plutôt cherché à atténuer qu’à grossir les torts d’un vieil officier plein de dévouement, sinon d’intelligence, il a des paroles assez dures :