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sa parole, et il n’est peut-être si doux que parce qu’on ne le perd pas de vue un instant, de ma part, depuis trois jours. Une lettre de Malet au chef de bataillon Rousse, de la Garde de Paris, indique assez que M. de Lamotte devait être son second. Je vais l’envoyer à Montaigu et je ferai garder la prison par la Garde impériale [1]. »

Et il ajoute : « Si M. Laborie [2] demeure dans la même maison que Mme Malet, je ne puis concevoir qu’il ne soit pas arrêté, sauf à examiner sa conduite, sauf à examiner s’il est coupable ou non. J’ai parlé dans ce sens à M. Pasquier. »

Il n’y en a que pour lui ; son zèle pourvoit à tout : aussi bien « à faire retirer de chez les fripiers de Paris tous les habits d’officiers supérieurs qui peuvent s’y trouver, » et à adresser, par-dessus la tête du ministre de la Police, une réquisition sur ce sujet à M. Pasquier, qu’à donner des ordres au comte Dejean, président de la Commission militaire, qu’il fasse imprimer le jugement avec la plus grande célérité, pour qu’on puisse le faire afficher dans Paris avant son exécution. « Je prie donc Votre Excellence, écrit-il, de charger M. Boudin, greffier de la Commission, d’en adresser une copie à M. Marcel, directeur de l’Imprimerie impériale, à qui il conviendrait d’en faire passer à l’avance les diverses parties, au fur et à mesure qu’elles auront été rédigées. J’ai recommandé à M. Marcel d’apporter les plus grands soins et la plus grande promptitude dans l’impression des mille exemplaires de ce placard qu’il enverra à M. Boudin pour les faire afficher dans Paris. »

Comme dit Savary, « il fait le cheval de parade. » L’excès de son zèle l’entraîne à empiéter sur les attributions de tous ses collègues, mais il l’entraîne bien plus loin, à proposer, — car cette fois il n’ose les décider lui seul, — les mesures les plus impitoyables et les moins justifiées. Au Conseil des grands dignitaires et des ministres tenu le 27 octobre, il soumet un rapport qui montre assez quelle résistance l’Empereur devait opposer au fanatisme de courtisanerie de certains ministres [3].

« Les chefs et les principaux complices de la conspiration

  1. Voir la démonstration décisive dans les Mémoires du duc de Rovigo.
  2. Je pense qu’il s’agit du Laborie de Talleyrand, mais sans aucune certitude, car le nom de ce terrible homme n’apparaît nulle part ailleurs que dans cette lettre.
  3. Minute autographe de Clarke.