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différentes directions que Malet leur avait données. » Savary insiste sur les dangers que présenterait, pour un coup d’Etat, la réunion a Paris, sous (des ordres d’un officier général-commandant militaire, de quelques régiments qui auraient fait la guerre sous ses ordres et dont les officiers lui devraient leur avancement. » « A la vérité, on a la Garde Impériale ; ici, écrit Savary, se présentent d’autres réflexions que la prudence ne permet pas de confier au papier à cause des chances de communication. »

Mais il voudrait qu’aucun régiment de la garnison ne prit les armes pour un objet de service quelconque, sans que la police en fût informée, et sans que le général commandant la place, n’en ait fait part à celle-ci. Au lieu de cela, les casernes de Paris sont transformées en gites d’étapes, où l’on fait venir un régiment pour des souliers, un autre pour des culottes, un autre pour des habits. Puisque Paris se trouve ainsi place de guerre, pourquoi n’y a-t-il pas de rondes de nuit par des officiers supérieurs, comme il est d’usage dans les garnisons de la frontière ? Il ajoute que l’état-major aurait dû être informé à trois heures et demie, heure où Malet arriva chez Soulier ; à quatre heures et demie, où Malet a été dans les casernes ; tandis que la police ne pouvait l’être qu’après cinq heures, « quand la prison de la Force a été violée. » Il proteste encore contre le transfert à la place Vendôme des bureaux de l’état-major qui étaient au quai Voltaire, à proximité du ministère de la Police, jusqu’au moment où Hulin, ayant acheté son hôtel, place Vendôme, trouva opportun d’en rapprocher l’état-major.


M. LE DUC DE FELTRE

Ainsi se manifeste la querelle entre la police civile et la police militaire et l’on ne peut se dissimuler que l’attaque dirigée par les conseillers d’État, paraisse justifiée. A la vérité, le coup de pistolet de Malet a mis Hulin hors du jeu, mais c’est au ministre de la Guerre qu’incombe la responsabilité. Grâce à la soif de Guidal et à son idée de conduire en personne Savary à la Grande Force, Clarke a échappé au sort qu’avaient subi Savary, Pasquier et Desmarets. Simple hasard dont il a tort de se vanter ! La situation eût pu sembler compromise pour bien des raisons, et d’abord, si l’on avait voulu chercher, pour la protection qu’il avait de très longue date accordée à